Au moins douze millions de déplacés internes et externes, des infrastructures sanitaires, hospitalières et culturelles détruites et pillées de même que des camps de déplacés détruits, des enfants déscolarisés, des aides alimentaire instrumentalisées pour faire souffrir les populations, une crise alimentaire sans précédent, des violences sexuelles et mentales, et au moins 14.500 personnes tuées depuis le début de la guerre selon des estimations datant d’Avril 2024, tel est le bilan macabre du conflit d’intérêts qui a démarré le 15 Avril 2023 à Khartoum pour s’étendre par la suite dans d’autres régions du Soudan du Nord.
Les Nations-Unies par l’intermédiaire de son secrétaire général ont dénoncées, condamnées et demandées en vain la fin d’une guerre que certains considèrent comme un « conflit oublié » tout comme celui du Sud voisin, en se basant sur un contexte géopolitique caractérisé par le conflit Russo-Ukrainien et récemment les offensives Israéliennes dans la bande de Gaza qui attirent le plus d’attentions peut-être parce que les enjeux économiques et sécuritaires notamment sont plus grands. En effet, que ce soit la résolution du 8 Mars 2024 et celle du 13 Juin 2024 qui correspondent respectivement à l’appel à une cessation immédiate du conflit pour la première et une demande aux forces paramilitaires de sécurité rapide de mettre un terme au siège d’Al Fasher ou El Fashir, capital de l’Etat du Darfour du Nord pour la deuxième, rien n’a changé. La situation s’est plutôt dégrader davantage au point où les espoirs de réussite des concertations prévues ce mois d’Août en Suisse et en Arabie Saoudite sont minces chacun des belligérants ayant des points de vus à défendre à tout prix.
En vertu de la charte des Nations-Unies qui codifie les grands principes des relations internationales et qui inclue la souveraineté des Etats et l’interdiction d’employer la force dans ces relations, chaque Etat est libre de faire des choix en ce qui concerne sa manière de régler ses problèmes internes même si ceux-ci peuvent parfois être discutables et même condamnables surtout quand ils nuisent gravement à l’intégrité physique et même morale des populations qui font partie d’un monde où malgré les déchirements internes liées dans une majorité des cas à la satisfaction d’égoïsmes disproportionnés, le malheur des uns ne fait pas du tout le bonheur des autres.
Comme le faisait déjà savoir une représentante de la France auprès des Nations-Unies en Août 2019, les violations des règles de la convention de Genève sont sciemment intégrées dans les stratégies militaires pour priver les populations de tout secours et obtenir leur réédition. En effet, signée par la quasi-totalité des pays dans le monde, les règles humanitaires de respect de l’être humain et de sa dignité en temps de conflit armés sont bafouées par les principaux belligérants partout dans le monde où il y a des guerres et notamment en Afrique. Les civils sont impliqués dans les guerres ; certains sont même forcés à aller sur le front. Ceux qui sont malades et mêmes blessés n’ont pas toujours la possibilité de recevoir des soins de qualité et même de s’alimenter convenablement parce que l’instabilité politique favorise le blocage de l’acheminement des denrées alimentaires. C’est dire que la mise en application véritable d’un consensus universelle et humanitaire adopté varie en fonction des contextes. Les Etats souverains et Africains en particuliers qui choisissent de régler leurs problèmes par la voie des armes ne veulent plus qu’on leur donne des leçons de morale surtout en ce qui concerne la manière de gérer leurs affaires. Dalleurs en Juin 2023, deux mois après l’éclatement du conflit de la république du Soudan à Khartoum la capital, le représentant spécial des Nations-Unies pour le Soudan fut déclaré persona non grata.
Mais cela n’empêche pas qu’il faille davantage redoubler d’effort pour parvenir à une paix qui bien qu’incertaine n’est pas impossible. Les voix discordantes de la démesure doivent résolument se remettre sur la table des négociations sur un terrain neutre pour répondre fidèlement aux aspirations d’un peuple qui souffre de plusieurs manières. En effet, malgré les initiatives violentes dans le but de s’emparer du pouvoir, personne n’aime voir son pays sombrer dans le chaos. Même les âmes les plus insensibles ont le souci de ramener la paix et de la préserver même si la manière de le montrer laisse à désirer.
Que l’on soit en Afrique Centrale, en Afrique de l’Est, en Afrique de l’Ouest, en Afrique Australe, en Afrique du Nord et au Nord-Est en particulier pour le cas de la république du Nord Soudan, les africains ont toujours démontrés des manières particulièrement particulières de rechercher le changement et de régler leur conflits internes. Quand ce ne sont pas des putschs ou des tentatives réussites ou non de conquête du pouvoir par la force, ce sont des coups d’Etats institutionnelles ou des violations flagrante de la loi fondamentale d’un pays ; quand ce ne sont pas des guerres tribales ou ethniques, ce sont des conflits d’intérêts comme au Soudan du Nord où les deux principaux acteurs du pustch de 2021 ont eu à faire tomber le gouvernement de transition pour des raisons économiques et socio-culturelles notamment avec la violences des guerres ethniques, sont eux-mêmes entrés en conflits deux années après pour se retrouver dans une impasse que certains considèrent comme une conséquence de la légère implication du conseil des Nations-Unies, l’impuissance de l’Union Africaine, et le double soutien d’une part parmi tant d’autres, d'une certaine grande puissance qui en plus de soutenir les Territoires partageant la même idéologie que la sienne y aurait également des intérêts particuliers notamment dans la partie Nord sous le contrôle des forces de soutien rapide (FSR), et les autres notamment les Occidentaux et autres alliés qui seraient plus soucieux du maintien de la paix et du bon acheminement des secours alimentaires. En fait, si on ne parle pas assez du conflit soudanais c’est parce qu’il est indirectement un prolongement de la guerre qui oppose la Russie et l’Ukraine. La guerre sanglante qui oppose la Russie et l’Ukraine a engendrée un climat de guerre froide dans un monde multipolaire où avoir un ou plusieurs alliés de poids et qui de surcroit ont un droit de véto ou le droit d’empêcher unilatéralement l’adoption d’une décision commune, favorise l’enlisement d’un conflit ou le maintien d’un statuquo stratégique de la situation pour obtenir gain de cause peu importe le temps que cela prendra ou le nombre de personnes qui perdront la vie.
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De toutes les façons et qu’on le veuille ou pas, ce ne sont pas les Nations-Unies qui mettront un terme à cette guerre mais les soudanais eux-mêmes et notamment ceux qui sont à la tête des deux principaux blocs en conflits. Le conseil de sécurité des Nations-Unies n’est qu’un pacificateur dont l’effet des actes dépend premièrement des principaux concernés. Si les parties en conflit veulent la paix, les Nations-Unies joueront le rôle de facilitateur qui est le sien. Tant qu’ils voudront demeurer dans une impasse, la situation demeurera précaire parce que même dans un contexte d’hostilité et d’insécurité, personne ne peut se permettre de faire ce qu’il veut dans un autre Territoire sans l’accord du principal concerné. Si c’est la guerre qu’ils choisissent, les Nations-Unies se contenteront de gérer un conflit sans trop se soucier du fait qu’il y ait des parties pris qui entretiennent d’une manière indirect ce conflit qui a tout aussi des origines lointaines. Le résultat du référendum du 9 Juillet 2011 ayant permis la création de l’Etat du Nord et celui du Sud après les multiples guerres civiles à la suite de la reconnaissance en 1956 par le Royaume Unie de l’indépendance d’un seul Territoire malgré la réalité d’un contexte hostile à toutes formes d’unification ou de Territoire unique entraina des mêmes causes qui produisent les mêmes effets des deux côtés et notamment du coter du Nord ou les divergences de points de vues ont divisées le pays en deux blocs dirigés par deux anciens alliés dont l’initiative armée de 2021 laissait présagé un avenir meilleur qui décidément ne se profile plus à l’horizon puisque les problèmes de leadership ont fragmenté le pays.
Les soudanais ont leur destin entre leur mains et c’est à eux seuls de décider quand cette guerre prendra fin pour permettre aux populations de vivre autre chose qu’une succession de moments délétères et sanglants qui favorisent malheureusement la prééminence des intérêts individuelles sur des intérêts commun d’une extrême urgence.
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