La soumission et l’adoption du projet de loi portant organisation du métier de la médecine traditionnelle en Novembre 2024 ainsi que sa promulgation6 le mois suivant en Décembre 2024 par le président de la république, est une preuve supplémentaire qui certifie l’efficacité d’une pratique qui ne cesse de faire ses preuves. Ne dit-on pas en se basant y compris sur des déclarations d’experts en médecine que celui qui est considéré par eux comme étant « le père de la médecine » et qui l’a séparé de la religion et des superstitions à lui-même eu à les utilisés ? C’est dire que tout provient du milieu naturel et que la nature est un grenier de sagesse pour ceux qui se mettent au service des autres à travers une activité qui nécessite énormément de sérieux de la part de ceux qui l’exercent, aussi bien de manière traditionnelle que conventionnelle. Et la responsabilité est encore plus grande sur le plan traditionnelle, parce qu’il faut la sortir d’un stade primitif qui incite la méfiance de beaucoup et même d’une médecine conventionnelle qui n’est jamais favorable à l’utilisation d’une plante qui n’a pas fait l’objet de recherches en laboratoire spécialisés, parce que soucieuse d’avoir des informations certifiant de l’efficacité de ces plantes, tout en écartant les soupçons de toxicité pouvant entravés des traitements administrés dans des hôpitaux et autres centres de santé car, si la nature est pleine de vertus, l’ignorance de certaines réalités relative au pouvoir de toxicité de certaines décoctions peut être fatale; d’où « les règlementations intimidantes de la biomédecine »7.
La médecine traditionnelle : une autre priorité
Ce n’est pas parce que l’acquisition des équipements hospitaliers dernières générations sont des priorités qu’il faille minimiser des richesses ancestrales, et prioriser ce qui n’est pas toujours à portée de main, ou rompre avec une habitude ancestrale qui satisfait une très grande majorité des populations africaines en particulier.
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La source du bien-être se trouve dans la nature. La récolte et l’utilisation durable des espèces sauvages, ou celle qui n’ont pas subie une transformation de l’Homme est indéniable. Ne pas s’investir davantage dans ce sens, c’est contribuer davantage à dégrader la biodiversité de la planète. La liste rouge de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN) est établie sur la base de critères s’appliquant à toutes les espèces de plante de la planète, et sur plusieurs facteurs biologiques associés au risques d’extinction tels que : la taille de population, le taux de déclin, les aires de répartition géographique, le degré de peuplement, et la fragmentation de la répartition. La dernière version8 2024.2 fait état de 46.337 espèces de plantes menacées sur les 166.061 espèces étudiées. Parmi ces espèces menacées, le rapport d’étude fait état de 41% des amphibiens, 34% des arbres, 12% des oiseaux, et 26% des mammifères. Plusieurs plantes sont en voies de disparitions, victimes des herbicides, de la surexploitation et de la déforestation. Les manifestations de cette phase d’extinction sont visibles à l’échelle de la planète. Au Cameroun, d’après un article du monde.fr paru en Août 2021, « la pharmacopée des pygmées et leur santé est mise en péril par la déforestation »9. Un tradipraticien y déclare d’ailleurs que si avant il trouvait ce dont il avait besoin à une dizaine de kilomètres, aujourd’hui, ce n’est plus le cas ; tout est en voie de disparition.
En 2004 l’Afrique du Sud avait mis le gingembre dans sa liste d’espèces menacées d’extinction; ce sont de telles initiatives qui se doivent d’être multipliées non seulement pour permettre à la nature de se régénérer convenablement, mais aussi favoriser une utilisation plus raisonnable des ressources naturelles telles que le Moabi (Baillonella toxisperma), utile selon les experts dans le soulagement des douleurs, rhumatismes et hémorroïdes entre autres ; les feuilles de l’Okoumé (Aucoumea Klaineana) contre les diarrhées, et enfin entre autres les écorces, feuilles et fruits du Bubinga (Guibourtia) qui servent dans le traitement du paludisme, l’hypertension, la fièvre typhoïde et autres. La cote d’alerte est élevée et nécessite des initiatives conjointes aussi bien des populations villageoises, que du politique et des organismes privés qui se doivent de fournir davantage d’effort pour la préservation d’un patrimoine commun à transmettre à ceux à qui nous l’avons empruntés à savoir, nos enfants.
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