Soulagement des souffrances et préservation des écosystèmes naturels.

malumiereetmonsalut Par Le 03/02/2023 à 14:31 0

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Santé

« Notre santé dépend des services et fonctions des écosystèmes dans lesquels nous vivons.» Image : Le Moabi – Baillonella toxisperma. Auteur : Jabea Tongo Etonde

Analyse/La transmission orale selon laquelle « nous n’héritons pas la terre de nos parents mais nous l’empruntons à nos enfants », est un message d’alerte porter à l’attention d’une mémoire collective dont une grande partie vie dans le déni, ou dans un scepticisme qui dénote une volonté assumée de se préoccuper uniquement de l’instant présent, afin de satisfaire le plus longtemps possible quoiqu’il en coûte, des intérêts particuliers. Si l’Homme est en effet conscient du fait que tout ce dont il a besoin se trouve dans la nature, il n’est pas toujours prêt à démontrer à son tour par des actes concrets et vertueux, cette même générosité envers un ensemble d’écosystèmes autre que lui, qui vivent de manière plus accrues les répercussions des mauvaises pratiques d’une espèce humaine plus soucieuse de satisfaire ses ambitions égoïstes, plutôt que de porter un regard nouveau sur tout ce qui l’entoure, afin de prendre davantage conscience de l’importance de la nature dans la survie de tous les êtres vivants.  

Tous ce que nous consommons et produisons provient toujours d’une autre part de nous-même ou d’une succession d’autres écosystèmes essentiels dans la vie d’un ensemble d’individus qui ont non seulement le devoir de prendre soin d’eux grâce à la nature, mais aussi de la nature elle-même, afin que les solutions de santé en particulier ne soient pas uniquement instantanées mais durable. En effet, « Pendant que la demande en termes de bénéfices tirés des écosystèmes tels que la nourriture et l’eau s’accroit, l’action humaine réduit dans le même temps la capacité de beaucoup d’écosystèmes à satisfaire cette demande.»1 il n’y a donc pas qu’un Homme à soulager mais un ensemble d’écosystèmes parmi lesquels l’Homme, dont la survie dépend de ces autres écosystèmes, tout comme celle de ces écosystèmes qui interagissant avec Lui, dépendent de Lui. En effet, l’Homme tire de la nature ce dont il a besoin, tandis qu’elle a besoin de Lui pour se régénérer. « Les changements climatiques touchent toutes les régions du monde. Les calottes glaciaires polaires qui se retrouvent en grande partie dans le Groenland (Nord-Est de l’Amérique du Nord) et le continent Antarctique fondent, tandis que le niveau des océans monte. Certaines régions sont confrontées à des précipitations et phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents, tandis que d’autres doivent faire face à des vagues de chaleurs et à de sécheresses de plus en plus intenses.»2

L’Homme a besoin d’un environnement qui a encore plus besoin de Lui. S’il y trouve en effet tout ce dont il a besoin pour prodiguer aussi bien des soins de santé modernes que traditionnelles, ces écosystèmes qui l’environnent ont encore plus besoin de Lui pour préserver leur ressources périssables car « notre santé dépend des services et fonctions des écosystèmes dans lesquels nous vivons ou que nous exploitons. Ces services, notamment leur effets sur la qualité de l’eau, des sols, de l’air, la nutrition, la réduction des risques de catastrophes, sont des éléments de base essentiels dans la santé durable»3 qui est un bien précieux qui nécessite d’agir aujourd’hui pour demain, afin que les générations suivante puissent prendre le relais d’un engagement responsable au service de l’humanité.

Même si ce qui est chimique a toujours une base naturelle, beaucoup préfèrent des traitements avec des plantes à l’état brut. Image source: millymenthe.com

La santé par les plantes naturelles : une autre approche thérapeutique

Que ce soit en Afrique ou ailleurs, la santé par les plantes à l’état naturel occupe une place de choix. Même si ce qui est chimique a toujours une base naturelle, beaucoup préfèrent des traitements avec des plantes à l’état brut. Même si c’est toujours sur la base de plusieurs plantes qu’on fabrique parmi tant d’autres, des médicaments tels que l’aspirine pour soulager entre autre propriétés « les douleurs à partir l’acide salicylique contenu dans l’écorce de saule, et la quinine pour traiter les paludismes grâce à l’écorce du quinquina »4, la préférence pour ce qui est naturel s’explique d’une part selon les experts par le fait que : la médecine naturelle « soigne l’être humain dans sa globalité et non pas seulement en fonction de ses symptômes. »5 La médecine conventionnelle serait donc plus asymptomatique; c’est-à-dire, elle permet plus aux patients atteints par exemple du diabète, de l’hypertension artérielle et certaines maladies rénales entre autre, de ne présenter aucuns symptômes de la maladie tout en demeurant malade. L’autre raison est celle-ci : le choix pour la médecine traditionnelle ou naturelle dénote une certaine volonté manifeste de ne pas consommer trop de ces produits chimique qui ont certes leur utilité, mais qui fragilisent un organisme qui guéri mieux grâce à des soins naturelles qui ont certes un coût, mais qui sont plus avantageux que des produits qui sont l’aboutissement de transformation plus profonde qui au fil du temps, ont des impacts négatifs sur la santé et notamment le risque de développer des effets indésirables qui serait moins considérables quand le traitement se fait grâce à des plantes naturelles qui cependant « ne doivent pas être utilisées sans connaitre les contre-indications et les limites d’utilisation.»4

Lire aussi: Médecine de qualité: Entre charlatanisme et imposture, une cure et un discernement s'imposent

Conscients de l’efficacité de la médecine traditionnelle ou de la santé par les plantes naturelles et de son retard par rapport à la médecine conventionnelle, plusieurs spécialistes en phytothérapie, en biomédecine, ou en médecine des plantes naturelles en Afrique et au Cameroun en particulier n’ont pas attendus des mesures gouvernementales pour apporter leur contribution dans la sortie progressive de leur activité d’un cadre informel et précaire à travers une modernisation de leur cadre de travail, et de leur mode de fonctionnement ou de traitement des patients qui implique des consultations sérieuses qui démontrent qu’ils poursuivent le même but que la médecine conventionnelle à savoir : procurer le bien-être à une population qui en a vraiment besoin. Quand on est en effet conscient de l’efficacité de l’activité qu’on exerce, on essaie d’y mettre le plus de sérieux possible pour ne pas être taxé de tous les noms et surtout de « charlatan » dans un monde où les ambitions sont démesurées, et où même la vie d’autrui est parfois banalisée pour satisfaire des intérêts personnels qui se préoccupent peu ou pas du tout de la vie d’autrui, et encore moins de l’environnement naturel qui est à la base de l’activité de ceux qui ont fait le choix d’exercer cette activité noble qui ne cesse de faire ses preuves, et qui nécessite uniquement d’être mieux valoriser surtout dans les sociétés africaines en particulier car, la prise de conscience de l’efficacité de la santé par les plantes ne date pas d’aujourd’hui.

La nature est un grenier de sagesse pour ceux qui se mettent au service des autres à travers une activité qui nécessite énormément de sérieux. Image: Bubinga - Guibourtia tessmanni. Source: levantinadeparquets.com

La soumission et l’adoption du projet de loi portant organisation du métier de la médecine traditionnelle en Novembre 2024 ainsi que sa promulgation6 le mois suivant en Décembre 2024 par le président de la république, est une preuve supplémentaire qui certifie l’efficacité d’une pratique qui ne cesse de faire ses preuves. Ne dit-on pas en se basant y compris sur des déclarations d’experts en médecine que celui qui est considéré par eux comme étant « le père de la médecine » et qui l’a séparé de la religion et des superstitions à lui-même eu à les utilisés ? C’est dire que tout provient du milieu naturel et que la nature est un grenier de sagesse pour ceux qui se mettent au service des autres à travers une activité qui nécessite énormément de sérieux de la part de ceux qui l’exercent, aussi bien de manière traditionnelle que conventionnelle. Et la responsabilité est encore plus grande sur le plan traditionnelle, parce qu’il faut la sortir d’un stade primitif qui incite la méfiance de beaucoup et même d’une médecine conventionnelle qui n’est jamais favorable à l’utilisation d’une plante qui n’a pas fait l’objet de recherches en laboratoire spécialisés, parce que soucieuse d’avoir des informations certifiant de l’efficacité de ces plantes, tout en écartant les soupçons de toxicité pouvant entravés des traitements administrés dans des hôpitaux et autres centres de santé car, si la nature est pleine de vertus, l’ignorance de certaines réalités relative au pouvoir de toxicité de certaines décoctions peut être fatale; d’où « les règlementations intimidantes de la biomédecine »7.  

La médecine traditionnelle : une autre priorité

Ce n’est pas parce que l’acquisition des équipements hospitaliers dernières générations sont des priorités qu’il faille minimiser des richesses ancestrales, et prioriser ce qui n’est pas toujours à portée de main, ou rompre avec une habitude ancestrale qui satisfait une très grande majorité des populations africaines en particulier.

Lire aussi: Comment réussir à procurer des traitements de qualité dans un contexte de précarité au Cameroun et en Afrique

La source du bien-être se trouve dans la nature. La récolte et l’utilisation durable des espèces sauvages, ou celle qui n’ont pas subie une transformation de l’Homme est indéniable. Ne pas s’investir davantage dans ce sens, c’est contribuer davantage à dégrader la biodiversité de la planète. La liste rouge de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN) est établie sur la base de critères s’appliquant à toutes les espèces de plante de la planète, et sur plusieurs facteurs biologiques associés au risques d’extinction tels que : la taille de population, le taux de déclin, les aires de répartition géographique, le degré de peuplement, et la fragmentation de la répartition. La dernière version8 2024.2 fait état de 46.337 espèces de plantes menacées sur les 166.061 espèces étudiées. Parmi ces espèces menacées, le rapport d’étude fait état de 41% des amphibiens, 34% des arbres, 12% des oiseaux, et 26% des mammifères. Plusieurs plantes sont en voies de disparitions, victimes des herbicides, de la surexploitation et de la déforestation. Les manifestations de cette phase d’extinction sont visibles à l’échelle de la planète. Au Cameroun, d’après un article du monde.fr paru en Août 2021, « la pharmacopée des pygmées et leur santé est mise en péril par la déforestation »9. Un tradipraticien y déclare d’ailleurs que si avant il trouvait ce dont il avait besoin à une dizaine de kilomètres, aujourd’hui, ce n’est plus le cas ; tout est en voie de disparition.

En 2004 l’Afrique du Sud avait mis le gingembre dans sa liste d’espèces menacées d’extinction; ce sont de telles initiatives qui se doivent d’être multipliées non seulement pour permettre à la nature de se régénérer convenablement, mais aussi favoriser une utilisation plus raisonnable des ressources naturelles telles que le Moabi (Baillonella toxisperma), utile selon les experts dans le soulagement des douleurs, rhumatismes et hémorroïdes entre autres ; les feuilles de l’Okoumé (Aucoumea Klaineana) contre les diarrhées, et enfin entre autres les écorces, feuilles et fruits du Bubinga (Guibourtia) qui servent dans le traitement du paludisme, l’hypertension, la fièvre typhoïde et autres. La cote d’alerte est élevée et nécessite des initiatives conjointes aussi bien des populations villageoises, que du politique et des organismes privés qui se doivent de fournir davantage d’effort pour la préservation d’un patrimoine commun à transmettre à ceux à qui nous l’avons empruntés à savoir, nos enfants.

Français|Anglais

Références

[1] Les écosystèmes et le bien-être de l’homme : un cadre d’évaluation

[2] Conséquences du changement climatique

[3] Santé et biodiversité

[4] Se soigner par les plantes : avantages et limites

[5] Pourquoi préférons-nous les médecines naturelles ?

[6] Le président Biya promulgue la loi portant exercice et organisation de la médecine traditionnelle

[7] Médicaments et médecines traditionnelles. Le cas d’interventions en santé internationales auprès des autochtones de l’Amazonie brésilienne

[8] La liste rouge mondiale des espèces menacées

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Recommandation:

Plantes médicinales africaines : « un patrimoine millénaire en voie de disparition »

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