Analyse/Après avoir privilégié le choix démocratique de rejoindre la république du Cameroun à la suite des deux grandes guerres qui ont considérablement contribuées à la balkanisation des territoires africains et du Cameroun en particulier, les leaders du Southern Cameroon ayant à leur tête John Ngu Foncha entrèrent en négociation avec les délégués de la république du Cameroun ayant à leur tête le feu président de la république Ahmadou Ahidjo pour des concertations sérieuses ayant abouties à l’adoption d’une constitution préfabriquée et contestée qui a tout de même le mérite d’avoir fait du Cameroun le 1er Octobre 1961, un État composé d’un Pouvoir fédéral et des États fédérés.
Même s’il faut reconnaitre que le Southern Cameroon par ses leaders a posé ses conditions pour entériner son choix de rallier la république du Cameroun, il faut également noter que c’est la réunification d’un Territoire jadis sous protectorat Allemand qui était en jeu. En effet, quand on veut la réunification, on met tout en œuvre afin qu’elle soit possible. C’est la raison de la tenue de la conférence de Foumban qui a aboutie au choix de passer de l’État unitaire à un État fédéral.
Le plus important pour la république du Cameroun à ce moment précis ce n’était pas le système fédéral mais plutôt la réunification. Si le Southern Cameroun était plus favorable à un système auquel ses ressortissants étaient plus habitués, on n’allait tout de même pas lui imposer un système politique en particulier. Puisque les deux parties étaient en faveur de la réunification, il valait mieux s’entendre sur les termes de cette réunification parce qu’elles sont les composantes d’un même ensemble qui ne doivent pas demeurer séparé à cause d’un passé désastreux.
C’est après le « succès » de cette conférence que les autres priorités vont être misent en avant progressivement notamment à travers un référendum injuste qui montre clairement que le choix du fédéralisme de départ n’était qu’un plan stratégique pour parvenir à un certain nombre d’objectifs notamment l’indispensable réunification dans un premier temps par l’option temporaire d’un système fédéral, puis trouver le moyen de revenir à un État unitaire centralisé, fruit de l’administration française de l’ex Cameroun Oriental devenu république du Cameroun le 1er Janvier 1960.
Puisqu’après la réunification de 1961, le Southern Cameroun n’existe plus et ne fait plus qu’un avec la république du Cameroun qui est devenue la république fédérale du Cameroun, le président de la première république décida unilatéralement, c’est-à-dire, sans consulté les autres parties et en vertu des pouvoirs qu’il s’est lui-même conféré puisque la constitution fédéral ne lui permettait pas de faire un référendum pour passer de l’État fédérale à l’État unitaire. La république fédérale du Cameroun devint donc république unie du Cameroun en 1972. Ce coup de force qui en fait était une injustice bien qu’il vante tout de même les bienfaits de l’État unitaire, est depuis lors, le point de départ d’un autre problème qui a engendré « la crise anglophone » des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
La séparation pour renégociation, ou la sécession ?
L’éclatement de la crise en 2016 a donné naissance à plusieurs courants de pensés. Si tous estiment avoir été trahi et se sentaient marginalisé par le régime de Yaoundé, certains sont plus favorable à une idée de Sécession tandis que d’autres à une idée de séparation en vue d’une renégociation parce que selon eux, le contrat a été brisé en 1972. Ils estiment qu’en fait, ce n’est pas de la sécession dont il s’agit, mais plutôt de la séparation en attendant une renégociation tandis que d’autres veulent plutôt l’indépendance d’un territoire sous mandait britannique qui n’existe plus.
L’ex Southern Cameroon a fait son choix au cours du plébiscite organisé par l’Organisation des Nations Unies, et la république du Cameroun a mis tout en œuvre pour mettre ce choix en exécution parce que les deux parties étaient en faveur de la réunification. Mais le courant séparatiste dans le sens de revenir au point initial pour renégocier et non pas dans le sens du choix radical de l’indépendance d’un territoire qui n’existe plus, veut un retour au fédéralisme.
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C’est en étant conscient du fait qu’il y a réellement eu un problème dans le passé sans toutefois le déclarer de manière officielle que le gouvernement de la république du Cameroun a proposé et même mis en œuvre un statut spécial pour ces régions qui est en fait l’expression d’un regret qui ne dit pas son nom. En effet, Tout comme l’ancien régime, l’actuel avait et a même toujours une très forte influence française. Un territoire sous administration française ne pouvait pas demeurer longtemps dans un système fédéral. Et puisqu’à l’état actuel rien ne présage qu’il y aura un retour au fédéralisme ou au changement de la forme de l’État à savoir, un pouvoir fédéral et des États fédérés, il vaut mieux pour le moment se contenter du statut spécial qui est peut-être ou sinon la meilleure voie d’une renégociation.
Le Southern Cameroun n’existe plus. Il fait désormais partie de la république du Cameroun qui a depuis 1961 et à travers les dirigeants qui se succèdent, le devoir de mettre tout en œuvre afin que toutes les parties du Territoire nationale vivent dans la paix, la joie et la prospérité. S’il faut considérer que la violation de la constitution du 1er Octobre 1961 est l’origine du problème actuel, il faut aussi reconnaitre que les revendications des enseignants et des avocats couplée au fait d’être l’élément déclencheur d’une crise latente, sont également le début de cette renégociation qui cependant doit être pacifique malgré tout parce que personne ne prend plaisir à voir les autres mourir à part ceux qui ont fait le choix de profiter de cette crise pour faire du grand banditisme. Ceux qui veulent vraiment le changement doivent jeté les armes et repartir sur de nouvelles base toujours en revendiquant leur droits par des voies normales qui nous l’espérons apporteront plus de satisfactions à un ensemble de peuples ayant chacun leur problèmes qui menacent en fait l’intérêt commun d’un État dont la situation économique et sociale ne peut pas se porter bien quand un conflit armé perdure.
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