Analyse/La liberté de s’administrer soi-même était un luxe que des peuples jugés inférieur ne pouvaient pas se permettre. Le régime de protectorat Allemand, celui sous mandat de la Société Des Nations (SDN) remplacé par celui de tutelle de l’Organisation des Nations Unies (ONU), étaient tous des mécanismes mis en place pour étendre le pouvoir ou l’autorité des puissances coloniales sur des dépendances extérieures habitées par des populations qui n’avaient pas des droits mais uniquement des devoirs et qui ont dû luttés ou se battre au péril de leur vies pour certains pour mettre un terme à des injustices qui ont démarrées en 1884 au Cameroun pour commencer à s’effriter à partir de 1960 avec les vagues d’accessions aux indépendances en Afrique.
L’ambition démesurée qui se traduit par le fait de violer la souveraineté d’un État pour étendre une domination ou un pouvoir est une tendance qui a toujours existé et qui a favorisée la colonisation des territoires africains en général et le Cameroun en particulier. En arrivant en Afrique et au Cameroun, le pouvoir dominant n’avait pas l’intention de traiter d’égal à égal avec un peuple jugé inférieur sur la scène international mais imposé son autorité sur tous les plans même s’il faille utiliser des moyens contraignants pour y parvenir.
Après avoir perdu les deux grande guerres, l’Allemagne perd de facto ses dépendances extérieures y compris le territoire du Kamerun dont l’avenir dépendait de la Société Des Nations (SDN), un arbitre créé en 1919 par le traité de Versailles et remplacé en 1945 par l’Organisation des Nations Unies (ONU), qui reconduisit l’administration franco-britannique de ce territoire décréter en 1919 par la Société Des Nations (SDN) qui avait déjà lancé le processus d’émancipation du territoire sous sa supervision et sous administration des deux grandes puissances. Les français et britanniques avaient donc une mission, et l’assemblée générale de l’ONU, des pouvoirs de souveraineté. En d’autres termes, c’est elle qui propose les meilleures options possibles pour l’avenir de ce territoire après consultation des principaux concernées dont les puissances administrantes et même les populations qui allaient avoir le droit d’exprimer leur choix de manière démocratique pour la première fois.
Mais dans un contexte de volonté d’extension du pouvoir des superpuissances à l’extérieur il faut se demander si le territoire ne sera pas définitivement morcelé en plusieurs parties. La question de la réunification est d’autant plus préoccupante que contrairement au cas du Togo britannique où l’assemblé de l’ONU avait proposé l’union à la Côte-de-l’Or (ancienne colonie britannique appelée aujourd’hui république du Ghana) ou le maintien du régime de tutelle britannique, l’ONU proposa plutôt deux Plébiscites : Le premier dans la partie septentrionale qui s’étendait de la frontière de Nkambe (Nord-Ouest) jusqu’au lac Tchad et « couvrait une partie des Etats nigérians actuel d’Adamawa, de Borno, et de Taraba » pour le choix entre le prolongement de la tutelle et le rattachement au Nigeria. Le 7 Novembre 1959 le maintien de la tutelle l’emporta 70.546 voix contre 42.788 pour le rattachement au Nigéria. Le commissaire des Nations-Unies de l’époque aurait estimé dans son rapport que ce vote exprimait surtout « une protestation contre le système d’administration locale en vigueur au Cameroun septentrional ». Mais ce n’était que partie remise.
L’or du second plébiscite des 11 et 12 Février 1961 mais cette fois dans les des deux Camerouns sous administration britanniques, les propositions n’étaient plus le rattachement au Nigéria et le maintien de la tutelle mais plutôt : Le rattachement à la république fédérale du Nigéria ou à la république du Cameroun. Il n’y avait donc pas l’option d’une indépendance pure et simple d’une des parties de ces territoires. Les options proposées par l’ONU prévoyaient uniquement le rattachement à un pays déjà indépendant.
La partie Nord du Cameroun britannique fit le choix de se rattacher à la république fédérale du Nigéria, et le Sud qui couvrait les actuelles régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, fit le choix de rallier la république du Cameroun.
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Si les résultats avaient été considérés dans leur ensemble comme dans le cas du Togo britannique où malgré le fait que le Nord ait voté en majorité pour l’union à la Côte-de-l’Or et le Sud en majorité pour le maintien du régime sous tutelle, l’ONU a plutôt considérée les résultats globaux favorables à l’union à la Côte-de-l’Or, la solution du rattachement à la république du Cameroun l’aurait emportée par 331.530 voix contre 244.037 comme nous l’a rapporté l’agrégé de droit publique et spécialiste des relations internationales Marcel Merle (1923-2003) dans son article sur les plébiscites organisés par l’ONU. Peut-être en procédant de la sorte pour le cas du Cameroun c’est-à-dire, une distinction entre les choix des parties Nord et Sud du Cameroun britannique, l’ONU voulait évité des conflits étant donné qu’il n’y avait pas l’option d’une indépendance pure et simple d’une de ces parties de territoires que plusieurs auraient voulu mais qui ne dépendait pas uniquement d’eux mais surtout de l’ONU qui avait qualité pour proposer les options.
Les mouvements de contestations du ralliement du Southern Cameroon à la république du Cameroun étaient sans effet de même que les protestations des représentants français et leurs alliés du régime de Yaoundé s’agissant notamment du choix du ralliement du Northern Cameroun à la république fédérale du Nigéria. En effet, La république du Cameroun avait décidé de saisir la cour internationale de justice sur la base de la clause de juridiction obligatoire contenue dans l’accord de tutelle du 13 Décembre 1946 relative au Cameroun sous tutelle du Royaume Unie avant l’expiration de la validité de celui-ci. Le 31 Mai 1961, la république du Cameroun formula une requête contre le Royaume Uni dans laquelle sont invoqués tout à la fois des manquements à l’accord de tutelle et à la résolution 1473 (XIV) relative à la séparation administrative du Cameroun septentrionale et du Nigeria. Mais cela n’a eu aucune incidence sur la décision prise par l’assemblée générale des Nations Unies.
Rien ne présageait que le processus d’émancipation du Cameroun allait se terminer sans que les français et les britanniques qui ont récupérés le territoire allemands au terme des deux grandes guerres n’obtiennent quelque chose. En faisant le choix de séparer les administrations, l’ONU, et avant elle la SDN laissait déjà présagé qu’un partage allait advenir et serait une nécessité en vue de satisfaire ceux qui ont contribué à l’aboutissement de ce processus d’émancipation.
Le régime de mandat tout comme celui de tutelle n’avait pas pour but de réunifier les deux Cameroun mais plutôt permettre soit le rattachement au Nigéria indépendant qui a été sous administration britannique pour étendre le Territoire d’une ex-colonie britannique, soit le ralliement à la république du Cameroun qui avait été sous administration française pour satisfaire la France. Il faut noter que du coter français, aucun plébiscite n’a été nécessaire contrairement au coter britannique où la situation était beaucoup plus complexe. Et pour montrer son impartialité ou ne pas faire transparaitre une préférence pour le rattachement du Northern Cameroon avec le Nigéria qui a été sanctionné par le refus d’intégrer totalement le Nigéria à l’issu du plébiscite du 7 Novembre 1959, l’ONU proposa une autre option mais cette fois-là dans les territoires du Nord et du Sud sachant pertinemment que l’influence de l’administration britannique exercée dans ces territoires fera certainement en sorte que l’un des territoires bascule du coter du Nigeria.
L’isolement ou plutôt la tenue des deux plébiscites distincts dans deux territoires différents tout en considérant les résultats de manières distinctes était un plan stratégique plus favorable à l’agrandissement du Territoire Nigérian plutôt qu’à une réunification intégrale des deux Camerouns britannique avec la république du Cameroun. Chacun a pris sa part du gâteau et même si le choix du Northern cameroun était décevant, il ne faut surtout pas perdre de vue que le territoire du Kamerun ou de la république actuel du Cameroun morcelé en deux définitivement après la deuxième guerre mondiale aurait pu également perdre la partie Sud du Cameroun britannique qui a fait le choix de rallier la république du Cameroun. Il est donc encore plus nécessaire actuellement de militer pour un Cameroun Un et indivisible dans un contexte où certains revendiquent l’indépendance d’un territoire non reconnu sur la scène internationale et qui a fait librement le choix d’officialiser son appartenance à la république du Cameroun à travers le plébiscite des 11 et 12 Février 1961 organisé par l’Organisation des Nations-Unies.
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