Analyse/ Les ouvriers de la première heure en vue de l’accession du Cameroun à l’indépendance ont pour la plupart payé de leur vie leur point de vue contradictoire sur ce qu’ils considéraient comme une indépendance de façade, favorable au prolongement de l’hégémonie d’une puissance colonisatrice déterminée à continuer de gérer ce Territoire comme une partie intégrante du sien. En effet, entre les plus radicaux dont les actes de bravoures étaient détestables et les plus modérés dont un en particulier qui malgré sa docilité de départ a eu par après à tenir des discours déplaisants pour le système de l’époque, il y avait un point commun à savoir, mettre tout en œuvre afin que la reconnaissance internationale du Cameroun comme un pays soit une satisfaction totale.
L’administration française était prête à accorder plus d’autonomie au Cameroun mais uniquement avec des leaders politiques modérés. Après des négociations avec l’Organisation des Nations Unies (ONU), le Cameroun obtint son autonomie complète le 1er Janvier 1959 ; en Mars 1959 la nationalité camerounaise fut reconnue sur le plan international. Mais avant d’y arriver, plusieurs épisodes tumultueux et remarquables sont à notés.
Le statut d’autonomie
En 1956, la loi cadre Defferre autorise la mise en place d’un pouvoir exécutif local autonome et responsable au niveau de l’Afrique Occidentale française. En 1957, cette mesure s’étend en Afrique centrale et au Cameroun en particulier à travers un processus électoral que l’Union des Populations du Cameroun (UPC) a tenté de stopper par une initiative armée du fait de sa non-participation au scrutin.
Il faut rappeler que l’Union Française de 1946 qui était formée de la république française qui comprenait la France métropolitaine, les départements et Territoires d’outre-mer, et autres territoires et Etats associés, permit au Cameroun d’avoir une première assemblée dénommée ARCAM (Assemblée Représentative du Cameroun) qui fut remplacée 6 ans plus tard par l’Assemblée Territoriale du Cameroun (ATCAM) en 1952 qui elle-même fut remplacée par l’Assemblée Législative de 1957.
L’Union des Populations du Cameroun créé en 1948 revendiquait l’indépendance et la réunification immédiate du Cameroun en plus de la non-ingérence dans les affaires internes du Cameroun. Hostile à ce point de vue catégorique, l’administration française procéda à des arrestations qui aboutirent aux émeutes de Douala de 1955 ayant entrainées l’interdiction des activités du partie qui entra dans la clandestinité.
L’organisation de cette élection permit la nomination de candidats plus favorables à une indépendance par étapes à savoir André Marie Mbida du Parti des Démocrates Camerounais et Ahmadou Ahidjo de l’Union Camerounaise qui furent nommés respectivement comme premier ministre et vice-premier ministre du Cameroun autonome.
L’administration du Cameroun Autonome
Le Cameroun autonome était dirigé par un haut-commissaire français et un premier ministre camerounais qui dans l’exercice des pouvoirs qui lui ont été conféré par la France après une échéance électorale réclama à son tour comme les upécistes qu’il a eu à malmener à la suite des français, que des camerounais soient formés dans tous les domaines en vue de poursuivre eux-mêmes la gestion de leur pays. Cette proposition déplut aux français de même que son combat contre le racisme. En effet, le serviteur docile s’emblait s’être rebeller face aux multiples injustices et autres attitudes à déplorer dont il était témoin et qui ne pouvaient présager qu’une indépendance de façade comme le prévoyait déjà les upécistes avant lui.
Puisqu’il n’était plus docile comme un agneau, une motion de censure instiguée par les français fut lancée contre lui. Tout a été orchestré pour l’isoler peu à peu et l’obliger à démissionner. En effet, son vice premier ministre démissionna, sa proposition de remanier son gouvernement fut invalider, et une bonne somme d’argent avait même été promise à tous ceux qui serait en faveur de sa destitution. Certaines sources parlent de 200 000 F CFA par personnes.
A noter qu’une motion de censure est un moyen dont dispose le parlement pour destituer un premier ministre. Il était devenu une épice indésirable dont il fallait se débarrasser au plus vite. Pour le remplacer, rien de mieux qu’un autre serviteur plus modéré que lui à savoir son ancien vice-premier ministre Ahmadou Ahidjo.
De l’autonomie à l’instauration du parti unique après l’indépendance de 1960
En exil du coter de Conakry en Guinée (Afrique de l’Ouest) pendant 13 mois où se trouvait une tendance upéciste avec laquelle il a eu à nouer des relations, il revient au Cameroun et notamment dans la vie politique après l’indépendance du pays. Il est élu député dans sa circonscription électorale à savoir l’ancienne région de Nyong et Sanaga qui était le nom que la circonscription de Yaoundé a prise après un arrêter du 08 Avril 1935.
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Avec d’autres leaders de l’apposition dont Marcel Bebey Eyidi du Parti Travailliste Camerounais, Charles Okala du Parti Socialiste Camerounais, Theodore Mayi Matip de l’Union des Populations du Cameroun ils créent un Front National unifié pour signifier leur refus d’appartenir au parti unique qui avait déjà absorbé plusieurs autres partis d’opposition. Cette initiative du 23 Juin 1962 fit d’eux les premiers prisonniers politique du Cameroun indépendant et réunifier entre 1962 et 1965.
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