Sécurité routière au Cameroun : Quand la nécessité d’une mise en application renforcée des mesures en vigueur s’impose

malumiereetmonsalut Par Le 30/09/2024 à 00:00 0

Dans Translations

Dossier

Chaque usager de la route est responsable de sa vie et celle des autres. Image: tripadvisor.fr

La nécessité du respect de la loi pour expliquer la locution latine « Dura lex sed lex » en français : « la loi est dure mais c’est la loi », même si elle parait rigoureuse et contraignante, est la base d’un ordre social qui voudrait que même si l’Homme est libre, sa liberté ait des limites en ce sens que ses actions peuvent gravement affectées l’intégrité physique des autres ou même causés la mort. 

Le principe de base de la médecine traditionnelle chinoise « prévenir vaut mieux que guérir » que nous utilisons couramment pour signifier non seulement que le coût de la prévention ne vaut rien face à celui de la maladie, mais aussi ceci qu’en plus de prendre ses responsabilités en tant que responsables de la sécurité des habitants de tout un pays il faut également mettre tout le monde face à ses responsabilités afin que personne ne rejette la conséquence d’un problème sur un seul acteur, mais un ensemble d’acteurs ayant chacun leurs part de responsabilités, est un préalable sans lequel aucune action politique quel que soit le domaine ne peut véritablement être efficace. En d’autres termes, si prévenir coute cher, la mort coute encore plus cher et il faut mettre encore plus de moyen dans la prévention. Et de quoi s’agit-il ?

Il s’agit de mettre tout en œuvre pour diminuer au maximum la marge négative des accidents sur nos routes. En effet, en 2022 selon les chiffres publiés par l’organisation non-gouvernementale SECUROUTE qui milite pour la sécurité routière au Cameroun, le pays aurait atteint 3000 pertes en vies humaines et 200 milliards de F CFA de pertes. Si on peut  très bien comprendre qu’il peut y avoir des pertes en vies humaines à la suite d’un ou plusieurs accidents de la circulation, on ne sait pas toujours comment est-ce que ces accidents peuvent-ils engendrés des pertes sur l’économie d’un pays ou camerounaise en particulier. A ce sujet, les spécialistes mentionnent entre autres, les frais de traitements médicaux et d’hospitalisation qui sont gratuits pour certains, le coût des rééducations qui prennent parfois plusieurs années, et la perte de revenue engendrée par la cessation temporaire ou durable de l’activité. De plus, la baisse de la mortalité représenterait une part plus importante de bénéfices que la baisse de morbidité (état de maladie, déséquilibre psychique ou mental plus ou moins profond). L’Etat gagnerait donc plus économiquement quand le taux de mortalité est bas, ou très bas.

Au Cameroun, le transport routier est réglementé par les codes pénal et civil. Image : afdb.org

La sécurité routière au Cameroun

La sécurité routière comme « l’ensemble des mesures prises pour réduire les risques d’accidents de la route et limiter leur conséquences » a toujours fait l’objet de l’attention des différents acteurs du sous-secteur des transports routiers. En effet, que ce soit dans les transports interurbain (liaisons entre zones rurales et grandes agglomérations ou entre plusieurs grandes agglomérations), périurbain ou dans la périphérie d’une agglomération (aux environs d’une grande ville), ou les transits entre corridors de transports routier conventionnelle ou itinéraire à grand gabarit ou à fréquentation intense qui dans le domaine de la planification des transports désignent les grands projets d’infrastructures qui relient deux États (Douala-Bangui ; Douala-Ndjamena ; Sangmelima-Ouesso (Congo) etc.), des mesures ont toujours été mises en œuvres pour prévenir et réduire l’ampleur des accidents de la route.

Le problème se situe au niveau des limites de ces mesures préventives pour les unes et répressives pour les autres. Face au fait que les accidents de la circulation pour certains mortels perdurent, elles doivent encore être plus renforcées et ce dans tout l’étendue du Territoire nationale afin d’améliorer la marge positive des accidents au Cameroun dont l’objectif est fixé à 50%.

L’activité des transports au Cameroun est certes encadrée par des textes juridiques mais il y a tout de même des préalables d’une nécessité extrême à savoir : Qui fait quoi ? Qui ne doit pas faire ceci ? Où? Et pourquoi ? En effet, dans un espace où tout le monde se permet de faire ce qu’il veut et parfois même en profitant du fait que la corruption soit devenue une accoutumance, il fallait déjà limiter le nombre de points d’arrêt des transporteurs et c’est dans cette optique que s’inscrivait la note ministérielle d’Avril 2022 interdisant les agents de prévention et de sécurité routière au Cameroun d’interpellé les véhicules en transit sur les corridors conventionnelles et de percevoir des amendes forfaitaires et d’utiliser des herses métalliques ou artisanales. Quand on sait qui ne doit pas faire quoi et à quel endroit, cela permet de réduire les actes frauduleux qui sont monnaie courante sur nos routes et même sur nos voiries urbaines ou voie de circulation urbaine. De plus, le secteur des transports routier au Cameroun a certes un ministère de tutelle mais il est encadré par les codes pénal et civil.  

Les activités dangereuses sont encadrées par l’article 289 du code pénal qui puni celui qui par maladresse, négligence, et imprudence, cause la mort, les blessures, la maladie, ou l’incapacité de travail d’un tiers. A ceci il faut ajouter les conduites en état d’ivresse, l’état d’intoxication, la conduite sans permis exigé même si la personne n’a causée aucun accident de la circulation.

La juridiction peut prononcer dans ces cas suscités des condamnations telles que : l’emprisonnement, l’amende, le retrait du permit de conduire, ou l’interdiction d’en obtenir un pour une durée maximale de 2 ans en cas de conduite en état d’ivresse, et d’une durée maximale de 3 ans pour ce qui est de l’homicide et des blessures involontaires. En cas de récidive, c’est 10ans. C’est dire que les usagers ont leur part de responsabilité. On ne peut donc pas se permettre au nom des attitudes déplorables qui ternissent l’image d’un secteur d’activité faire ce qu’on veut au grand mépris de la loi et de tous ceux qui empruntent la voie public qui sont tous des potentiels victimes des attitudes irresponsables de certains usagers de la route.

C’est aussi la raison de l’existence des taux d’amende forfaitaires aux infractions de la circulation routière parmi lesquelles : Des infractions considérées comme des délits, et celles considérées comme des crimes qui ne peuvent pas se limiter au niveau d’une amende sur une route mais doivent plutôt être porté vers des instances plus compétentes pour régler ce genre de problème. On dit dans ce cas qu’il est interdit d’arbitrer. À noter que l’arbitrage est un moyen de prévention et de règlement d’un problème. Si en effet, certaines infractions peuvent être réglées directement sur la route et nécessitent pour cela des amendes comme par exemple les arrêts interdits, les chargements débordants, les défauts d’avertissement sonores, défaut de cartes grise ou de plaque d’immatriculation, défaut de ceinture de sécurité, défaut d’extincteur, d’essuie-glace, de permit de conduire, de vignette, de trousse de dépannage etc., il y a des délits et surtout des crimes qui font l’objet de poursuites pénales.

Au Cameroun si vous êtes responsable de la mort d’un ou plusieurs individus à la suite d’un accident de la circulation, vous serez mis en détention en attendant un éventuel procès. C’est un acte très grave qui ne peut pas être mis au même niveau que des délits comme le défaut d’assurance, défaut de visite technique, surcharge des passagers, et autres qui peuvent tout aussi entrainé la mort mais qui sont d’une gravité inférieure à celle d’une mort d’Homme. C’est dire qu’être un usager de la route c’est être responsable. C’est donc premièrement à chacun de se demander quel est ma responsabilité en tant que piéton ? En tant que conducteur de mototaxi ? En tant que particuliers et en tant que chauffeur d’une entreprise de transports car dans chaque domaine d’activités y compris celui des transports, il y a des codes à respecter.

Exemple d’une route hors agglomération. Image: actucameroun.com

La route : Ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas

Tout en précisant qu’il y a des routes en agglomération (rue, allées, avenue, boulevard…) et des routes hors agglomérations (« Nationales, Régionales, Départementales, et communales », une route a plusieurs parties : la chaussée (surface réservée à la circulation des véhicules), le Fossé (trou réservé à l’écoulement des eaux de la chaussée), l’Accotement ( l’espace qui sépare la chaussée au Fossé), le Trottoir (l’espace réservé aux piétons), le Talus ( forme inclinée qu’on donne à la chaussée), le Caniveau (Aménagement destiné à recevoir l’eau en provenance du talus), la Plateforme (c’est l’ensemble chaussé, accotement, trottoir), l’Assiette ( c’est l’ensemble Chaussé, Accotement, Trottoir, Talus), l’Emprise (c’est la partie de la route qui prend 10m après le talus), et le soigné (Aménagement fait pour conduire l’eau de la chaussé dans la fossé). Mais puisqu’on ne connait généralement que deux ou trois parties à savoir : la chaussé, le Trottoir et le caniveau desquels les populations ont données d’autres fonctions à savoir : Le lieu de dépôt des emballages plastiques après consommation pour le premier, lieu d’étalage de marchandises pour le deuxième, et lieu de stationnement d’ordures ménagères encombrantes pour le troisième, la fonction des parties de la route a été biaisée à tel point que pour revenir totalement à l’orthodoxie ou à leur fonctions première, il faut davantage de mesures préventives et répressives surtout pour changer les mentalités. 

Lire aussi: Les accidents de la route et leur causes multiples sur le Territoire National camerounais

Certains habitants en milieux ruraux ont pris pour habitude d’étaler certaines portions de leur production sur les routes. « Ces encombrements des Accotements et Trottoirs tant en milieu urbain que rural sont dangereux en plus d’être illicite » dans le sens qu’on ne peut pas utiliser une voie de circulation à d’autres fin même si l’on estime que c’est sans gravité. Au fur et à mesure que le temps passe, certains mauvais actes sont devenus des mauvaises habitudes qui persistent du fait soit de l’ignorance, soit d’une insuffisance de prévention, ou de mesures répressives.

Aucun détail ne doit être négligé dans un contexte où le nombre de véhicule ne fait que croitre non seulement du fait de la croissance démographique, mais également du fait que de plus en plus de personnes achètent des voitures et des motos afin de proposer des services payants ou non. Plus on achète des autos, plus la sécurité et les préventions routières devraient être renforcées car le coût économique des accidents de la route est très lourds pour un pays en développement où les déficits infrastructurelles sont perceptibles dans tous les secteurs et dans le sous-secteur des transports routier en particulier.

Les accidents de la route ne cesseront certainement jamais mais on aura toujours la faculté de réduire leur ampleur par des attitudes responsables qui nécessiteront toujours davantage de campagne de prévention et de sensibilisation sur les routes de manière permanente, sans toutefois omettre les moyens de répressions qui sont tout aussi importants mais qui doivent être fait avec pédagogie c’est-à-dire, en respectant soi-même les règles et ne pas se comporter comme si le travail de prévention et de sécurité routière se résumait à réprimer à tout prix ou piéger des transporteurs et autres usagers de la route en se plaçant à des points non réglementaires pour les sanctionner. En effet, même si ce jeu de chat et de souris peut se justifier par le fait que certains usagers de la route et autres transporteurs ont pris pour habitudes d’être sérieux juste l’instant d’un contrôle de routine pour faire tout le contraire par après, il ne faudrait pas que la sécurité routière qui inclue des mesures préventives et répressives, continue d’être une espèce de « chasse aux sorcières » comme ça semble être le cas actuellement. Aucun point de contrôle routier ne doit être dissimulé. Si des attitudes irresponsables ont été notées après la traversé d’un point de contrôle, il faudrait peut-être mettre davantage de moyens pour renforcer la prévention et la sécurité sur nos routes au lieu de se cacher pour essayer de surprendre des potentiels fauteurs de troubles.

En plus des responsabilités des usagers de la route et des communes, le gouvernement a le devoir de veiller à ce que les camerounais voyagent dans de bonnes conditions en multipliant des mesures de sensibilisation et de prévention mais surtout en prenant soin des infrastructures routières. Lutter contre les accidents de la route c’est également lutter contre la pauvreté. Les usagers de la route doivent donner une réponse favorable aux efforts de prévention et de sécurité routière au Cameroun. Un rapport de la Banque Mondiale datant de 2018 sur l’impact négatif des accidents de la route sur la croissance économique des pays en développement fait savoir que les mesures de sécurité routière ont pour effet d’améliorer le bien-être des populations. Mais ces efforts ne peuvent pas porter davantage de fruits si les usagers de la route ne font pas leur part. Raison pour laquelle le rapport préconise davantage : La baisse et le contrôle des limitations de vitesse, la lutte contre l’alcool au volant, la généralisation du port général de la ceinture de sécurité en recourant à des sanctions et des campagnes de sensibilisations, et enfin surtout l’intégration de l’enjeu de la sécurité routière à toutes les étapes de développement des infrastructures routières (planification, conception, exploitation).

Quand des nécessités s’imposent, tout le monde doit s’impliquer dans cette lutte de longue haleine car le décès d’un tiers n’affecte pas uniquement en ensemble de familles mais un pays tout entier. En conduisant de manière responsable, on contribue à faire en sorte que l’État investit davantage dans le secteur des transports routiers en particulier pour le bien-être des camerounais. C’est donc une affaire de tous qui cependant signifie plus d’efforts du coter des pouvoirs publique pour l’atteinte d’objectifs plus satisfaisants.

Français|Anglais

__________________________________________________________________________________

Recommandation:

 (Multimédia) Cameroun : 200 milliards de F CFA perdu par ans à cause des accidents de la route

Ajouter un commentaire

Anti-spam