Journée mondiale des droits de la femme au Cameroun : entre célébrations et autonomisation effective, lucrative et raisonnée.

malumiereetmonsalut Par Le 03/03/2024 à 00:00 0

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Chicken breeding Image source: nkafu.org

Motivée par les injustices dont étaient déjà victime les femmes dans le monde avant le XIIIème siècle, La promulgation par les Nations Unies d’une journée internationale de réflexion sur l’évaluation de l’état des lieux des droits de la femme dans le monde en vue d’impulser de nouvelles perspectives de développement centrée non pas sur un sentiment de dominance ou d’asservissement, mais sur une complémentarité au service d’un intérêt commun indispensable dans le développement harmonieux de la société, est une initiative louable encore gangrenée par des actes odieux perpétré par des individus cantonnés dans leur égoïsmes.

Au Cameroun, on observe de plus en plus des semaines de réflexions et culturelles couronnées par des parades en couleurs qui dénotent vraiment un degré de conscientisation appréciable. La journée internationale des droits des femmes n’est plus une occasion de s’adonner à toutes les formes de folies mais plutôt une journée de célébration précédée par une ou plusieurs semaines de réflexions en vue d’améliorer le statut de la femme en société.

Esprit d’entreprenariat et autonomisation des femmes au Cameroun

Comme la plupart des pays en voies de développement, le secteur économique camerounais est caractérisé par les activités du secteur informel qui en 2020, aurait contribuées à hauteur de 57% au produit intérieur brut (PIB) du pays (nkafu policy institu – 2020). Mais qu’est-ce qu’est concrètement le PIB ? Qu’est-ce qu’un bien et qu’est-ce qu’un service ?

Prenons cet exemple du cas de l’utilité d’une activité informelle dans un marché situé au sein d’une commune urbaine, d’arrondissement ou rurale. Le propriétaire d’une unité de production ou vendeur d’un produit W sur un marché Y, fourni un service payant à un acheteur Z, puis paie une taxe journalière ou annuelle issue de son revenu à l’administration du marché, contribuant ainsi au produit intérieur brut du pays calculer par l’institut nationale des statistiques.

Le produit W est un bien. La vente du produit est un service payant qui s’obtient grâce à un moyen d’échange qui est une monnaie dont une côte part issue du revenu du vendeur X, permettra de régler les factures journalières, mensuelles ou annuelles de cet acteur du secteur informel auprès des autorités compétences au niveau de la commune d’arrondissement ou de la ville.  

Le calcul du produit intérieur brut est une activité qui tient compte de plusieurs facteurs et acteurs. c'est un indicateur économique permettant de mesurer la production de richesse d’un pays ou la valeur de tous les biens et services produit dans un pays au cours d’une année. Pour le secteur formel, les biens et les services sont l’ensemble des produits créés par une entreprise qui contribue au PIB du pays en payant des taxes au ministère des finances. En ce qui concerne les activités du secteur informel qui se caractérisent par une gamme d’activités à savoir l’informel de production urbain et périurbain (agriculture, menuiserie bois et métal, BTP etc…), l’informel d’art (bijouterie, sculpture, tissage, couture, cordonnerie etc.), l’informel de service (restauration, transport urbain, coiffure, couture, réparation mécanique ou électrique) et informel d’échange ( distribution, commerce, etc.), malgré le paiement de certaines taxes aux communes, la plupart d’entre elles ne sont pas assujettis aux impôts et taxes ; raison pour laquelle, les budgets au niveau des collectivités locales ne correspondent pas au dynamisme économiques réel de villes. 

La troisième enquête sur l’emploi et le secteur informel au Cameroun publiée en 2021 par l’institut national des statistiques précise que tout comme en 2010, le secteur informel au Cameroun est caractérisé par des unités de production informelles concentrées dans le secteur du commerce. Plus de la moitié d’entre elles, soit 56,1%, sont dirigés par des femmes et dans le cadre de leur activités, 6 Unités de Production Informelles sur 10 ne disposent pas de locaux professionnelles, et trois d’entre elles sur 10 travaillent à la maison. Ces chiffres démontrent à suffisance qu’aucune activité génératrice de revenu n’est inutile et qu’un meilleur encadrement de ces activités pratiquées de manières arbitraires et informelles permettrait de booster d’avantage le PIB du pays.

Mais l’autonomisation des femmes par l’entreprenariat ou à travers une activité génératrice de revenue est une bonne option si elle obéît deux principes : Premièrement le principe de la duosuffisance dans une vie de couple ou un mariage sérieux, et celui de l’autosuffisance dans une vie prémarital. Le premier suppose que la vie de couple ou mieux encore le mariage soit sérieux. L’instrumentalisation d’une position sociale ou d’une activité très rentable afin de soumettre l’autre ou de le prouver qu’on peut se passer de lui est un acte de défiance à éradiquer autant que possible dans une union sérieuse où la complémentarité est requise. Si l’on doit continuer une aventure ensemble, elle doit pouvoir obéir à ce principe. Sinon, la séparation n’est pas à exclure. Le deuxième principe est un moyen de lutte contre la course au mariage à tout prix pour montrer aux autres qu’on est aussi marié ou en couple. Si en effet le mariage est une chose merveilleuse, il n’est pas une fin en soi. Il est tout aussi possible de réussir socialement sans être marier.

Le fait pour une femme ou une jeune fille de courir après le mariage est un manque de confiance en soi qui entraine des agitations inutiles et favorable à la prolifération des unions inappropriées et désastreuses pour la plupart. On doit se marier par amour et non pas juste pour avoir un statu de femme marier et sévir des sévices corporelles et psychologiques permanents par la suite. Et même s’il faille mettre la condition de l’amour au premier plan, il faudrait qu’il soit partagé et que le projet de mariage soit pensé et porté par les deux conjoints.    

Le travailleur n’est pas uniquement Celui qui rapporte de l’argent à la maison mais également Celui qui s’occupe de toutes les autres nécessités qu’implique une vie en famille. Le fait d’inciter les femmes à l’entreprenariat afin qu’elles soient autonomes devrait également être une manière de lutter contre les fausses conceptions qui limitent le rôle de la femme à la procréation et à la course à une vie de couple gangrené par des sévices corporels émanant d’un sentiment de supériorité exécrable.  

une autonomisation à travers une activité génératrice de revenue vise aussi à démontrer qu’il n’y a pas d’activité ou de rôle qui convienne uniquement aux femmes au sein d’une famille mais que tout doit être pris dans le sens d’une complémentarité qui voudrait que l’utilité d’une femme ne se résume pas seulement au niveau de la cuisine ou derrière une activité génératrice de revenue qui ne ferait plus d’elle uniquement une « consommatrice ».

Lire aussi : Egalité de genre : Défis d'un monde empourpré dans les considérations masochistes et culturelles mal éclairées  

Toute initiatives visant à amener les femmes à avoir ou à créer une activité génératrice de revenus autre que les tâches à accomplir au sein de la cellule familiale sont louables si elles s’inscrivent dans une dynamique de cohésion au sein d’une famille où les individualités devraient se mettre au service de la famille de plusieurs manières afin de permettre un juste équilibre favorable à l’épanouissement de tous les membres de la famille.

La véritable autonomisation est d’abord une question d’éducation et de mentalités. On a souvent coutume de dire que le rôle de la femme se limite au niveau de la cuisine en omettant parfois le fait que c’est à la cuisine que tout se prépare et se réalise. La notion de cuisine voudrait que nous voyions au-delà de nos considérations machistes pour rechercher et nous contenter du juste équilibre c’est-à-dire, ce qui concourt au bien-être de tout le monde.

Chaque année ou chaque 08 Mars devrait donc être une occasion de mettre en œuvre un plan d’action dont les réalisations devront être évaluées au cours d’une année et après une ou plusieurs années. Chaque femme est par nature un entrepreneur. La gestion d’une famille est une activité entrepreneuriale qui implique de nombreux efforts ou sacrifices au quotidien pour le bon fonctionnement de la famille. On n’incite pas une personne qui a déjà un esprit entrepreneuriale à le devenir. La personne a seulement besoin d’être encouragé et accompagné pour le bien du plus grand nombre.

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Thèmes et atteintes des objectifs visés au Cameroun et dans le monde

La défense et l’amélioration des droits des femmes dans le monde, en Afrique et au Cameroun en particulier est un combat qui s’inscrit dans la durée. Cette quête permanente qui date de l’époque des luttes ouvrières et des manifestations des femmes au tournant du XVIIIème siècle aux Nord des Etats Unis d’Amérique et en Europe autour de l’année 1701,  a officiellement été reconnue par les Nations Unies le 08 Mars 1977. Après cet appel mondial à célébrer la femme tout en militant de façon continue pour la défense de ses droits et l’adoption de mesures concrètes en vue de l’amélioration de ses conditions de vie en société, le Cameroun a commencé 9 ans plus tard le 08 Mars 1986 à célébrer les femmes toujours à travers des thèmes qui démontrent que cette journée n’est pas uniquement une occasion de faire la fête, mais aussi une occasion de faire un pas de plus ou d’amorcer le départ vers un objectif bien précis à évaluer au cours du temps.

La journée internationale des droits des femmes n’est donc pas seulement une occasion de chercher à se procurer un textile actualisé chaque année et devenue non pas seulement une tradition, mais une obsession orchestrée par des stratégies marketings profiteuses non seulement du fait qu’il y ai plus de femmes que d’hommes, mais surtout du fait que ces dernières soient frileuses de cet outil facultatif qui peut pourtant être renouveler uniquement après une dizaine d’années afin de permettre au plus grand nombre de se le procuré et accorder plus de temps à la lutte contre les problèmes sérieux qui nuisent à l’épanouissement des femmes dans des sociétés à spécificités alarmistes. 

Chaque 8 Mars ou chaque semaine du 8 Mars est une occasion de se poser des questions utile. Où en est t-on en ce qui concerne la violence faite aux femmes et aux jeunes filles après quinze (15) ans ? Où en n’est-on en ce qui concerne l’accès à l’éducation, à la formation, à la science et à la technologie pour un travail décent pour les femmes après 13 ans ? Où en est-on en ce qui concerne l’autonomisation des femmes après 9 ans ?

Sur le plan éducatif, des efforts notables ont été réalisés. Malgré un taux de scolarisation légèrement supérieur en faveur des garçons, la scolarisation des jeunes filles est en hausse même s’il faut noter que leur supériorité numérique devrait normalement permettre un taux de scolarisation supérieur à celui des garçons si l'on prend en compte les résultats du troisième recensement général de la population humaine (RGPH) réalisé en 2005 sur la base du RGPH réalisé en 1987. Ce RGPH réalisé en 2005 estimait la population camerounaise au 1er juillet 2019 à 24 348 251 dont 50,6% de femmes. Selon la banque mondiale ce chiffre serait au-dessus de 27 millions toujours avec une supériorité numérique en faveur du genre féminin. A ceci il faut ajouter que bon nombres de femmes et en particulier dans des zones rurales ont suivies et continuent de suivre des formations en vue d’une utilisation bénéfique de l’outil informatique.  

En ce qui concerne les violences basées sur le genre par contre, selon la note de politique publiée par l’institut nationale des statistiques en 2020, quel que soit la forme de violence, entre 2004 et 2011, les chiffres ont baissés. En 2018, 13% de femmes ont été victimes de violences sexuelles. Ceci à cause des mariages précoces, des unions libres ou concubinages, et la dépendance financièrement au conjoint.

Dans son discours d’ouverture de la conférence semestriel des gouverneurs à Yaoundé le 20 Décembre 2023,  le ministre de l’administration territoriale fit savoir à l’opinion national que plus de 8O femmes ou jeunes filles mariées, vivant en concubinage ou en union libres auraient été battues et assassinées au Cameroun par leur conjoints depuis le début de l’année 2023. 

L’association de lutte contre les violences faites aux femmes pour sa part précise que le taux des féminicides au cours du premier semestre 2022 (janvier-juillet), est supérieur à celui de l’année 2023. Il y a donc encore d’énormes efforts à fournir pour changer cette tendance qui nécessite plus de moyens aussi bien financiers que techniques pour permettre à certaines femmes de sortir de cette forme d’asservissement dans laquelle elles se sont malheureusement accoutumées. Les dénonciations aussi bien que les campagnes de sensibilisations de proximités via les autorités traditionnelles, les ministres de cultes et les cellules de concertations privées et secrètes devraient permettre non seulement de délier des langues mais surtout diminuer l’ampleur de ce phénomène planétaire indésirable.  

Les femmes revendiquent leur droits et elles en ont le droit non pas seulement parce qu’elles le méritent mais parce qu’elles sont des êtres humain à part entière tout comme les hommes. C’est la raison pour laquelle même au niveau institutionnelle, les quotas doivent être respectés. Si on suit en effet les mêmes parcours académique et professionnelles pour au terme avoir les même qualifications à des degrés divers, cela signifie que tous les genres ont leur place dans tous les domaines. Etre autonome c’est se mettre au service des autres et non pas se laisser asservir par les autres. Les hommes tout comme les femmes doivent s’investir dans l’atteinte de cet idéal afin qu’il y ai moins d’individus imbus d’eux même au point de chosifier leur semblable sous le fallacieux prétexte du sexe fort.

L’autonomisation est une quête permanente qui nécessite une implication de toutes les sociétés du monde afin que les pays où les droits des femmes sont à la traine fassent des efforts supplémentaires de même que les lieux où ils sont en avance. Chaque année est une occasion de converger davantage vers des sociétés où les revendications du genre féminin doivent plus être prises en considération.

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