Les accidents de la route et leurs causes multiples sur le Territoire national camerounais

malumiereetmonsalut Par Le 30/08/2024 à 00:00 0

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Bus de transport dans un piteux état après un accident de la circulation au Cameroun. Image fr.africanews.com

Définit comme l’un des « secteurs vitaux de l’économie camerounaise », le sous-secteur des transports qui appartient au grand secteur des services qui en 2021 représentait 51,1% du produit intérieur brute (PIB) du Cameroun selon la direction générale du trésor français qui « défend les positions françaises dans les enceintes compétentes en matière financières et commerciale », est non seulement une niche d’emploi mais également un moteur de croissance qui soutient la production nationale d’un pays qui comme bien d’autres a à faire face à plusieurs défis et notamment routiers pour optimiser davantage ses revenus et notamment son indice de développement humain qui est une valeur statistique permettant d’évaluer le taux du développement humain d’un pays et qui selon le rapport 2021/2022 du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) était de 0,576 points pour le Cameroun soit le 151ème rang sur 191 pays. Ce score qui correspond au 19ème rang en Afrique plaçait le pays dans la catégorie des pays à IDH moyen.  

Il ne se passe pas un jour sans qu’on entende qu’il y a eu un ou plusieurs accidents de la circulation avec ou sans gravité au Cameroun. Cette préoccupation mondiale dans le contexte d’un pays en développement comme le Cameroun suscite des interrogations dont les éléments de réponses se trouvent aussi bien du côté des usagers de la route que des autorités compétentes qui malgré les efforts constants afin de répondre encore plus favorablement aux sollicitations urgentes et quotidiennes des camerounais, ont encore des efforts supplémentaires à fournir dans un continent où 27,5% de décès pour 100 000 habitants sont dues aux accidents de la route loin derrière les Amériques et l’Europe où particulièrement selon l’agence d’information économique africaine (Ecofin), en 2021 envoisinaient les 9%. C’est dire comme le pense l’Organisation Mondiale de la Santé, les routes africaines sont les plus meurtrières.

Les causes des accidents de la route

Grâce aux données d’experts du ministère des transports et autres acteurs exerçants dans le sous-secteur des transports routiers sans toutefois oublier de mentionner les usagers de la route et même les populations environnantes des lieux des sinistres ou non, il ne fait plus aucun doute que les accidents de la circulation sont dus à trois principales causes. Premièrement les défaillances humaines, deuxièmement celles liées aux véhicules, et troisièmement le mauvais état des routes. À ces principales causes se greffent l’excès de vitesse et plus particulièrement les vitesses pendant les dépassements, les conduites en état d’ébriété, l’épuisement des conducteurs, les problèmes mécaniques, le non-respect des visites techniques, l’imprudence accrue à l’approche ou au franchissement des passages à niveau (croisements au même niveau entre une route, un trottoir, une piste ou un sentier et une voie ferrée), l’insuffisance et/ou l’inexistence des panneaux de signalisation à certains endroits stratégiques, des divagations d’animaux qui par endroits obstruent les chaussées et les trottoirs, et enfin entre autre le non-respect de la signalisation routière.

Les causes sont certes multiples mais il ne faut surtout pas renvoyer la responsabilité de celles-ci uniquement à certaines personnes. C’est tout un ensemble d’acteurs distincts qui en fonction de l’activité qu’elles exercent contribuent tous à rendre le combat contre les accidents de la route plus difficile au point où on a l’impression que les choses n’avancent pas surtout quand on perd un être chers alors que des efforts sont entrepris sur le terrain même s’ils demeurent encore entravés par des insuffisances et autres attitudes déplorables commis par un ensembles de camerounais.

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Les défaillances humaines ont plusieurs sources. Image bbc.com

Les défaillances humaines et la qualité des routes

Tout ce qui peut contribuer à accentuer des pratiques de malversation est étroitement lié aux accidents de la circulation au Cameroun. En effet, dans un contexte où le soucis de faire le plus de gain possible en prenant tous les risque possibles ou en empruntant tous les moyens illégaux possibles, les plus malins et les plus riches sont ceux qui gagnent plus en profitant des malversations ayant érigées domiciles sur nos routes et entretenus aussi bien par les autorités de forces de l’ordre que les agents de préventions et de sécurité routière, les douaniers, et les agents de mairies. Les défaillances humaines ne se situent pas uniquement au niveau des transporteurs dont certains font malheureusement parti de ces cercles vicieux.

La responsabilité du gouvernement et des communes au niveau des accidents de la route se situe aussi bien aux niveaux des défaillances humaines que de la mauvaise qualité des routes. En Avril 2024 des transporteurs du corridor Douala-Bangui ont eu à dénoncer des pratiques abusives au niveau des ponts bascules (instruments de pesage conçu pour peser des camions et autres véhicules) de Beloko et de Bouar. Ils ont évoqués des frais supplémentaires injustifiés et des pratiques de blocages abusives. On pourrait dire que ce sont des actes isolés qui se limitent aux seuls postes frontaliers mais ce sont également des attitudes de la sorte qui contribuent à accentuer les défaillances humaines couplée au mauvais état des routes qui contribuent à accentuer les accidents de la route au Cameroun.

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Camion en difficulté sur une route enclavée au Cameroun. Image:africacheckpoint.org

Certaines routes se sont tellement dégradées avec le temps qu’elles dégradent des véhicules de qualité. En 2023 déjà les transporteurs et les usagers se plaignaient de la qualité de la nationale N°5 entre Douala et Bafoussam qui est toujours dans un état de dégradation avancé surtout au niveau du tronçon Souza-Banga. Et des cas similaires ou non s’agissant notamment de l’ampleur des dégradations sont observables dans toutes les régions Cameroun. Bon nombre de routes bitumées se sont dégradées avec le temps et nécessitent des réhabilitations constantes à cause de la création et de la multiplication au fil du temps des nids de poules et d’éléphants (cavités à diamètres réduits et très considérables qui s’échelonnent sur plusieurs kilomètres et dénotent l’avancement de l’état de dégradation de la chaussé ou des routes au cours du temps) qui favorisent non seulement les accidents de la circulation mais aussi la dégradation des véhicules dans le sens de la diminution des performances à cause des pannes mécaniques répétitives causées par une mauvaise qualité des routes. Et malgré toutes ces contraintes, les transporteurs et les établissements de transports sont toujours obligés de payer des taxes constantes tandis que des véhicules dont les prix s’évaluent pour certains à plusieurs dizaines de millions de F CFA se dégradent constamment à cause des routes elles-mêmes dégradées.

Lire aussi : Aménagement des infrastructures de transports au Cameroun: un processus lent et prometteur à pas de tortu

S’il faut parler de défaillance humaine et de mauvaises qualité des routes il faudrait déjà commencer par s’interroger sur les comportements déplorables de certains agents de l’Etat et même des mairies sur nos routes et même sur nos voiries urbaines. Il faudrait y inclure l’incapacité du gouvernement à répondre aux problèmes des transporteurs afin de fournir un service de qualité aussi bien aux populations qu’aux pays tout entier. Quand tout est réduit au niveau des maladresses des conducteurs ou transporteurs c’est évoqué partiellement un problème encore plus compliqué que cela car plusieurs routes au Cameroun sont en piteux état et certaines personnes profitent de cette situation particulière pour se remplir les poches de manière illicites.  

La corruption est une des défaillances humaines qui cause le plus de morts sur nos routes. Selon la commission nationale anti-corruption à travers son indice sur la perception de la corruption au Cameroun datant de 2017 : « le secteur des transports est miné par la corruption » et ce n’est pas les conducteurs qui diront le contraire. En 2019, un syndicaliste déclarait que c’est « une activité qui s’étale au grand jour dans le secteur des transports au Cameroun (source : voaafrique.com). Et le marasme s’étend au niveau de l’examen des permis de conduire. Comment est-ce qu’un individu qui a obtenu son permit de manière illicite va-t-il contribuer à éradiquer la corruption dans un contexte où vous pouvez ne pas composer et ne même pas être admis mais obtenir votre permis de conduire. De plus, des chauffeurs se font interpellés dans les rues et sur des routes justes pour remplir des formalités qui n’ont rien à voir avec les pièces exigibles mais plutôt à un laisser-passer correspondant à une somme d’argent maladroitement dissimulée qui entrera dans les poches d’un ensemble d’individus.

La dégradation des routes est également le fait du non-respect des cahiers de charges par les transporteurs et leurs alliés dans les stations de pesages. Même s’il faut noter que l’Etat et les communes ont du mal à rénover bon nombre de routes qui se sont dégradées au cours des années, les usagers et certains agents de l’Etat et des mairies ont leur part de responsabilité certes sur un bitume appelé à se dégrader avec le temps mais surtout dans l’accélération de cette dégradation. En effet selon une expertise, « si une route bitumée subit anormalement les surcharges des camions, sa durée de vie, initialement évaluée à environ 15 ans sera forcément raccourcis. » C’est cet ensembles d’actes de malversation parmi tant d’autres couplées aux problèmes de financements ou d’insuffisances de financements pour prendre soins des routes comme il faut qui rendent le combat contre les accidents de la routes au Cameroun encore plus difficile mais non pas insurmontable même avec des petits moyens car il y a quand même des efforts notables qui ont permis de juguler l’hémorragie de l’intérieur grâce notamment aux efforts de la commission nationale anti-corruption (CONAC) qui à travers des publications, révélation et recommandations contribue malgré tout à l’assainissement de l’environnement des départements ministériels au Cameroun.

Le mauvais état des véhicules

Les véhicules qui circulent sur des routes dégradées s’usent progressivement tout en augmentant le degré de dégradation de ces routes. Une des caractéristiques du paysage camerounais est la présence des vieux véhicules qu’a première vue on pourrait dire qu’ils ne peuvent plus rouler mais qui parcours des centaines de kilomètre au quotidien et à vive allure sur certaines routes qui demandent encore plus d’efforts du fait de leur état de délabrement ou d’enclavement. Et il ne faut pas s’étonner du fait que ceux qui conduisent ce type de véhicules ne passent pas de visites techniques. Ils exercent leurs activité en donnant un service payant aux camerounais et même à l’Etat camerounais puisqu’ils ont pour la pluparts les pièces exigibles bien qu’ils circulent souvent sans phares, sans rétroviseurs, sans ceinture de sécurité, sans clignotant avant et/ou arrière, mais avec un moteur qui permet de faire le travail qu’il faut et récolter l’argent qu’il faut pour se satisfaire soi-même et répondre favorablement aux tracasseries policières dont les abus ont même été dénoncés par la solidarité corporatiste de ces transporteurs clandestins.

Puisque le mauvais état des véhicules fait problème on se demande donc pourquoi les vieux véhicules circulent-ils sur nos rues et sur nos réseaux routiers ? La raison est simple. Les camerounais se donnent les moyens de chercher leur moyens de subsistance dans un contexte de précarité où il faut travailler malgré tout. Ce n’est certainement pas les autorités publiques qui ignorent cela. De plus, le continent africain est un dépotoir des vieux véhicules et tout le monde le sait. En effet, « périmés aux regards des standards environnementaux ou de sécurité en vigueur dans les pays de l’OCDE (organisation de coopération et de développement économique), [les vieux véhicules] trouvent un dernier débouché dans les pays les plus pauvres, où seule une minorité de privilégiés peut accéder à la voiture neuve et où la règlementation des importations est peu exigeante sinon inexistante. » (le monde.fr -2020)

Il est donc normal que le projet d’implémentation d’une prime à la casse soit tombé en désuète. En effet, avec des routes qui se dégradent plus vite que la normal à cause de la pression des véhicules en surcharges et autres véhicules importés et qualifiées de périmé à l’extérieur on n’est pas sûre de sortir de l’auberge puisqu’avec des routes dégradées, l’accélération du vieillissement de ces véhicules de même que celle des rues et routes est certaine.

La route est un moyen de communication qui n’a jamais tué personne. Ce sont les défaillances humaines qui sont à la base de ces multiples accidents de la circulation sur des routes en minorité plus au moins bitumées d’une part, et enclavés en majorité d’autres parts. Les usagers doivent donc faire preuve de beaucoup de prudence et surtout de responsabilités sur des routes où en plus d’être responsable de d’eux-mêmes, ils ont également la responsabilité de faire de leur mieux pour ne pas causer la mort de leur semblables puisque toute mauvaise manœuvre est susceptible d’avoir une incidence négative sur d’autrui.

L’Homme a certes besoin d’infrastructures de qualité mais il doit lui-même se conduire honnêtement à travers ce qu’il fait et ne surtout plus prendre des risques inutiles sur des routes où il y aura certes toujours des accidents mais dont l’ampleur des dégâts et même l’amélioration de la marge positive dépend de chaque citoyens, chaque usagers aussi bien sur les routes que dans les administrations où certains individus entretiennent des activités indécente qui durcissent davantage cette longue lutte contre les accidents de la route.

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