Analyse/Lorsque le 35ème président des Etats-Unis fit savoir à ses compatriotes et aux concitoyens du monde lors de son discours d’investiture du 20 Janvier 1961 de ne pas se demander ce que leur pays peut faire pour eux et de ne pas se demander ce que les Etats-Unis feront pour Eux, il reconnaissait certainement que la résolution des problèmes tant au niveau local qu’à l’international ne peut pas être l’œuvre d’un seul Homme. La conjugaison des efforts qui inclue des initiatives entrepreneuriales est indispensable pour la croissance et le développement.
Plusieurs dirigeants d’Afrique et du monde ont employé ces termes en les ramenant dans leurs contextes locaux en insistant particulièrement sur le fait qu’il faille plutôt se demandé « ce que vous pouvez faire pour votre pays. » En effet, aujourd’hui comme hier, aucun pays n’a réussi à se développer sur le plan économique uniquement grâce aux activités du secteur public. L’Etat entendu comme le gouvernement d’un pays ne peut pas non seulement tout faire, et encore moins se priver d’encourager et d’accompagner vraiment des initiatives privées. Raison pour laquelle il y a un secteur privé et notamment un secteur informel qui contribue énormément au produit intérieur brut (PIB) des pays africains.
La part du secteur informel dans les économies africaines
Le Nigeria se caractérise par une importante économie informelle qui selon un rapport du plan alimentaire mondiale datant de 2023 compte pour plus de la moitié de son PIB et plus de 80% des emploies. En Egypte, l’inclusion du secteur informel aurait contribué à hauteur d’au moins 40% du PIB au cours de l’exercice budgétaire 2022-2023 (trésor.economie.gouv.fr). Sur les 220.035 entreprises que comptaient le Rwanda en 2020, 93% d’entre elles sont du secteur informel (blog.worldbank.org). En côte d’ivoire, l’économie est largement informelle avec une part estimée à 51% du PIB (trésor.economie.gouv.fr). Au Cameroun, certaines sources estiment à plus de 60% la contribution du secteur informel dans le PIB du pays.
Le secteur informel est une composante essentielle des économies subsahariennes, où sa contribution au PIB s’échelonne entre 25% et 65% et où il représente entre 30% et 90% de l’emploi non agricole. « Il ressort de l’expérience international que la part de l’économie informelle décroit quand le niveau de l’économie augmente ». La pluparts des pays subsahariens devraient donc conserver des secteurs informels imposants pendant encore de nombreuses années, ce qui est à la fois une chance et un défi pour les responsables des politiques économiques. En d’autres termes, plus le pays se développe, moins il y a d’emploi précaire ; plus il est sous-développé, plus il y a d’activités économiques informel qui contribuent à la croissance mais qui demeurent des signes de sous-développement.
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Les dirigeants ont donc besoin de leur populations tout comme les populations ont besoins de leur dirigeants afin que les économies africaines en particulier soient moins dépendantes d’un secteur qu’on ne peut pas réellement quantifier à cause d’une croissance au fil des années qui semble démontrer que la fin des activités informelles en Afrique subsaharienne notamment ce n’est pas pour bientôt. Tout semble indiqué que la croissance des économies africaines sans une contribution des activités informelles est impossible. Le mieux qu’on puisse faire serait d’améliorer les conditions de travail à travers des mesures qui correspondent vraiment aux besoins et aux niveaux réel des principaux concernés. On ne peut par exemple pas faire louer des emplacements dans des marchés à des prix exorbitants pour justifier une mesure de dissuasion qui en fait ne l’est pas puisqu’il est prouvé qu’elle contribue davantage à accroitre le désordre urbain tout en profitant du dynamisme des populations pour se faire un profit malhonnête. L’encadrement des activités informelles doit tenir compte du niveau du portefeuille du bas peuple.
Les acteurs de la société civile
En Afrique tout comme dans le reste du monde, il ne peut pas y avoir de conscientisation, de dénonciation et de protection des droits des Hommes sans les acteurs de la société civiles et notamment les organisations non gouvernementales. En effet, dans une société où tout le monde à des droits et des responsabilités envers autrui, tout le monde ne peut pas se permettre de faire ce qu’il veut au nom d’un rang social élevé. Là où l’obsession et la surestimation de soi amène parfois à commettre l’irréparable, les dénonciations et des condamnations fusent de toutes parts pour appeler les instigateurs de ces multiples formes de violences à cesser.
La responsabilité est donc partagée et elle se résume à ceci : si vous ne voulez pas que nous vous demandons ce que vous ferez pour nous, arrêtez donc de vous permettre de faire ce que vous ne devriez pas ou de faire ce qui a maintenu ou qui maintien les populations dans la précarité car le bon sens voudrait qu’on apprécie ce qui est bon et qu’on dénonce ce qui est mauvais. On ne peut pas rester muet quand des populations sont victimes des bassesses encadrées par une impunité qui normalise l’amoral.
Le patriote a le devoir de servir son pays et non pas spolié ses richesses ou le maintenir dans un état d’insécurité persistant. Les citoyens du monde ont le devoir de dénoncer les atrocités qui se produisent ailleurs et exigés des réparations immédiates après avoir réclamé justice par des voies légales. Dénoncer, condamner et exiger des changements c’est aussi servir son pays. Mais puisque certains sont habitués à l’impunité au point de se permettre de faire tout ce qu’ils veulent, les réclamations en faveur de la justice continueront de fuser car nous avons tous autant que nous sommes des responsabilités envers nos semblables.
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