Analyse/En donnant une idée de qui nous sommes à travers des traits caractéristiques qui font notre singularité, nous nous distinguons des autres qui ont aussi leurs particularismes en dépit du fait que nous vivons ensemble sur un même Territoire ou Terroir et ayons des traits identitaires similaire qui montrent que la culture n’est pas un ensemble clos, mais un très grand ensemble qui inclus des identités culturelles similaires et distinctes en mêmes temps. Si en effet « une culture est perçue comme bornée par ses membres, ce phénomène de clôture n’est pas inhérent en tant que tel à la culture ; il est le propre de ce qu’on appelle l’identité. »
Nous ne sommes donc pas si différents que cela. En regardant par exemple le Cameroun de manière panoramique en tenant compte particulièrement des quatre aires sociologiques et culturelles, nous remarquerons des similitudes au niveau de la culture de plusieurs peuples dans chaque grand ensemble qui laissent déjà entrevoir une unité dans une diversité qui inclue à la fois des ressemblances et des dissemblances.
En nous focalisant uniquement sur les langues vernaculaires parlées dans ces grands ensembles, nous remarquerons que dans le Grand Nord Cameroun ou l’aire sociologique et culturelle soudano-sahélienne (Extrême-Nord, Nord, Adamaoua) par exemple, les populations communiquent entre elles grâce au fulfulde malgré le fait que certaines expressions peuvent être différentes d’une région à une autre, tout en considérant le fait que chacune des composantes ethnique de ce grand ensemble ont également un dialecte ou une langue vernaculaire qui les particularise. Il en est de même pour une grande partie des Grassland ou Grassfield avec la région du Nord-Ouest, et une autre grande partie de l’aire sociologique et culturelle sawa ou des peuples de la côte avec la région du Sud-0uest où les populations communiquent grâce au Pidjin qui est une langue vernaculaire simplifiée faite sur la base de l’Anglais.
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Mais on ne peut pas en dire autant au niveau des autres aires culturelles du moins en ce qui concerne une langue parlée et comprise par l’ensemble des peuples de l’espace géographique car dans les autres aires sociologiques et culturelles à savoir : Fang-Beti-Bulu ou zone forestière (Centre, Sud, Est), les Côtiers ou les peuples de la zone Côtière (Littoral, le Sud-Ouest, et une partie de la région du Sud [le département de l'Océan]), Grassland (avec l’Ouest, le Nord-Ouest et une partie du Sud-Ouest apellé Lébialem). Même si nous pouvons noté des similitudes au niveau des langues vernaculaire, Il n’y a pas une langue commune à tous les peuples qui s’y trouve dans le sens d’aller dans une des localités de ces aires culturelles et se rendre compte qu’une grande majorité parle une langue vernaculaire parlée ailleurs. Le simple fait d’en mentionner une en particulier pourrait être très mal interprété et vous valoir le nom de tribaliste car comme partout au Cameroun, nous sommes dans des contextes où chacun est jaloux de sa culture et ne voudrait surtout pas qu’une langue en particulier soit mise en avant alors qu’il y en a d’autres qui sont tout aussi importante.
C’est la raison pour laquelle pour une meilleure unité Nationale et une meilleure coexistence pacifique tout en tenant compte des dissemblances ou des traits particulier de chaque contextes, on préfère parler au Cameroun de sa langue comme celle de tous les camerounais parce que si on peut facilement dire que le fulfulde est une langue majoritairement parlée dans le Grand-Nord, on ne peut pas facilement prendre une langue des autres aires sociologiques et culturelles et dire qu’elle est la langue majoritairement parlée et comprise dans cet espace sociologique et culturel. Par conséquent, même le fulfulde n’est plus uniquement la langue du Grand-Nord mais celle des tous les camerounais.
Celui qui se trouve dans le Grand-Nord et vient d’ailleurs doit s’adapter. Il en est de même dans toutes les autres régions du Cameroun. Aucune ethnie ne refusera à un ressortissant d’une autre région d’apprendre la langue du contexte dans lequel il se trouve. Ouvrir sa culture à tout le monde c’est aussi cela l’inclusion sociale. Nous avons tous une identité singulière que nous ne gardons pas uniquement pour nous mais que nous partageons avec les autre parce que cette diversité culturelle est une richesse que nous avons en commun et qui est très nécessaire notamment dans la gestion des conflits. C’est une richesse qui est bantou, semi-bantou, soudanaise, sahélienne et arabes qui sont toutes le fruit de divers phénomènes migratoires. Il ne faut donc pas s’étonner que le multiculturalisme entraine des transformations sur le plan éducatif. Personne ne doit se sentir lésé. Quand une minorité a le sentiment d’être marginalisé, cela peut entrainer des fortes conséquences.
Les langues officielles ne sont pas les seules vectrices d’unité nationale. Si on se comprend bien en parlant français et anglais, on se comprend encore mieux en respectant nos langues vernaculaires qui sont également celles des autres qu’à défaut de parler et/ou de comprendre, sont également les nôtres puisqu’elles font partie d’un patrimoine commun.
Il importe donc de s’intéresser à la culture de l’autre parce que c’est également notre culture et qu’en s’adaptant dans ces multiples contextes, on comprend mieux qui nous sommes c’est-à-dire un potentiel culturelle énorme qu’il faut davantage valoriser de plusieurs manières en mettant plus de moyens non seulement pour sortir davantage d’un ethnocentrisme qui favorise des discours haineux mais surtout maintenir la réalité d’une coexistence pacifique de toutes les singularités ou identités culturelles sur un même Territoire malgré les points de vues divergents sur tous les plans et qui sont en fait la preuve qu’on se préoccupe de notre pays et que chacun est libre d’exprimer son point de vue et demander plus de la part de ceux qui nous gouvernent sans esprit réductionniste.
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