Analyse/Le professeur Tchotsoua Michel (1964-2024), géographe, spécialiste en stratégies de développement et en géomatique, avait pour habitude de dire à ses étudiants de « ne pas en vouloir à l'homme blanc en tant qu'être humain, mais en tant que système. » En effet, l’'être humain en général a toujours des besoins qui varient d'une personne à une l'autre, et qui sont encore plus considérables au niveau des grands commis de l'État qui ont le devoir, pour ne pas dire l'obligation de trouver les moyens de satisfaire des populations très exigeantes. Ce qu'il faut plutôt dénoncer et condamner, ce sont les moyens hasardeux employés pour obtenir un certain nombre de satisfactions acquises bien souvent et en Afrique subsaharienne notamment, au mépris de la dignité de l'être humain.
Entre le XVIème et le début du XIXème siècle, des navigateurs et autres explorateurs étrangers ont jalonnés les côtes africaines, animés par une volonté non seulement de découvrir de nouveaux territoires, mais surtout identifier les atouts ou les potentialités économiques de ces territoires et se les approprier entre autres à travers des cartes, la construction d'infrastructures routières, et la création de plantations dans le but d'enrichir encore davantage les plus grandes puissances dont les nationaux ou émissaires avaient toujours l'aval de leurs dirigeants pour se lancer dans cette conquête du monde qui se poursuit encore aujourd'hui en utilisant tous les moyens sulfureux possibles. C'est la raison pour laquelle même les campagnes d'évangélisation ont largement contribuées à mieux asseoir une hégémonie extérieure, et maintenir en particulier la traite d’esclaves noirs qui faisait certes l’affaire les dirigeants locaux, mais encore plus celle des grandes puissances qui jouissaient du privilège d'une main d'œuvre bon marché pour leurs plantations et entreprises situées notamment en Amérique et en Europe. En effet, si le travail a évidemment un coût si ce sont des nationaux de cette grande puissance qui travaillent, pourquoi se passer d'une main d'œuvre bon marché qui se trouve sur un continent peuplé de sous-Hommes que l'on peut obtenir en échange d’objets de peu de valeur?
Le capital humain africain a été vandalisé pour satisfaire des individus « supérieurs » qui n’étaient pas encore conscients du fait que ces Noirs étaient des Hommes comme eux, et que le racisme et les autres doctrines réductionnistes et ségrégationnistes étaient mauvaises. Il a fallu attendre la proclamation de l'abolition de cette activité commerciale honteuse, pour assister non pas à la fin, mais au début d'une fin qui avait encore un long chemin à parcourir car, même les années qui ont suivies cette abolition, s'inscrivaient encore dans un contexte où les Noirs avaient peu de droits, et d'énormes devoirs envers des maîtres blancs qui avaient acheté plusieurs ressortissants africains comme du bétail avec la complicité de chefs locaux qui se préoccupaient plus de leur propres personnes, que de la vie de leurs semblables et encore moins du développement de leur territoire; chose que les civilisations Européens et américaines en particulier avaient déjà conscience.