La facilité avec laquelle sont jugés ceux qui font le choix de prendre la route du désert et de la mer pour se mettre en quête d’un lendemain meilleur ou d’un rêve que les réalités présentes rendent inaccessibles pousse à se demander si l’on a pris la mesure de ce qu’ils ressentent vraiment sur place. Comment se fait-il que malgré la dangerosité de l’itinéraire il y ait toujours des candidats à l’aventure ? La réponse à cette interrogation se trouve dans la question de savoir pourquoi malgré les potentialités et les opportunités, les espaces d’où ils sont originaires sont toujours pauvres ?
On n’a beau s’offusquer au vu de la dangerosité de l’option adoptée par certains individus pour réaliser sous d’autres cieux un rêve qu’ils estiment avoir perdu au niveau local cela ni changera rien. Le risque est risqué mais il vaut la peine d’être pris pour celui qui est convaincu qu’il vaille mieux aller chercher à réussir ailleurs même si plusieurs voix cherchent à l’en dissuader. C’est justement certaines de ces voix alarmistes, convaincus et convaincantes qui pour certaines ont bâti leurs certitudes sur un vécu qu’elles ont-elles-mêmes expérimentée qui disent aux africains en particulier et aux autres que l’Europe ce n’est pas l’Eldorado entendu communément comme un espace « chimérique où on a tout en abondance et où la vie est facile ». Mais si ce n’est pas en Europe que se trouve l’Eldorado que nous considérons plutôt comme étant le lieu où se trouve les meilleures opportunités de travail et de réussite sociale où se trouve-t-il donc ? En Afrique ? Aux États-Unis ? En Chine ? Au Canada ? En Océanie ? En Asie ? La réponse à ces interrogations qui peut variée d’un individu à un autre est complexe parce qu’on part toujours de quelque chose de palpable ou non, en fonction des contextes et des individus pour faire une bonne projection dans l’avenir qui correspond exactement à ce qu’on veut. Peut-on dire à un jeune médecin Africain qui vit dans la précarité que le Canada ce n’est pas l’eldorado quand c’est là-bas qu’on lui propose vraiment un emploi décent ? Allons-nous tenir le même discours à un clandestin qui a réussi à avoir un emploi qui correspond à ses attentes en Europe ou dans un continent autre que l’Afrique ? Ou encore à un ensemble d’individus ayant réussi à fuir des pays en guerre ou un ensemble de sociétés où les femmes n’ont pas droit à des études supérieures et même secondaires ?
À travers les immigrations légales et surtout celles qualifiées de clandestines qui nous intéressent particulièrement, conscients dans une grande majorité du fait qu’il n’y a pas d’espaces où la vie est facile, ceux qui se lancent dans l’aventure montrent qu’ils sont prêt à tout pour réussir parce que chaque perception est la conséquence d’une ou plusieurs réalités qu’on vit et des obstacles qu’on est prêt à affronter et surmonté au cours d’un itinéraire fastidieux y compris au sein d’un ensembles d’environnements enviables qui ont également leur difficultés. C’est cette détermination à toutes épreuves qui a suscité la réaction d’un patriarche qui a eu à dire aux jeunes camerounais en particulier, et dans une certaine mesure à tous les jeunes africains en général ceci : « Partir, oui, mais pas à n’importe quel prix. De plus, sachez que pendant que vous aspirez à partir, de nombreux étrangers essaient de s’installer au Cameroun, confirmant en cela qu’il s’agit d’une terre accueillante, et d’un pays d’opportunités. » Mais avec cette précision que ceux qui font le choix de s’en aller ou qui aspirent à partir n’ont plus aucune perspective d’avenir sur cet espace, tandis que ceux qui viennent ou qui essaient de s’installer sur l’espace en question, ont des raisons d’espérer parce qu’ils ont les moyens de concrétiser leur projets de développement qui profitent premièrement à leurs pays d’origine qui les encouragent concrètement à s’établir ailleurs en leur octroyant le soutien financier qu’il faut. Si les dirigeants africains veulent que leurs ressortissant ne prennent plus des chemins périlleux pour réussir à l’extérieur, qu’ils trouvent le moyen de multiplier et faciliter davantage les opportunités d’emplois. Il ne s’agit surtout pas de minimiser voire même banaliser les importants efforts entrepris, mais de préciser plutôt qu’ils ne sont pas assez suffisant pour dissuader ceux qui font le choix d’aller se chercher ailleurs malgré tous les obstacles qu’ils rencontrent sur leur chemin.
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La recherche d’un lendemain meilleur vers d’autres horizons est toujours la conséquence d’un rat de bol chronique qui dénote le refus de supporter davantage une vie sans issue favorable. Même s’ils sont dans une très grande majorité originaires de Territoires différents, tous les immigrants clandestins ont ceci en commun qu’ils n’arrivent plus à supporter la pauvreté, la famine, le chômage, la guerre, les conflits, et toutes les autres situations misérables, relatives aux multiples instabilités politiques et autres mauvaises gestion des ressources disponibles dans leur pays d’origine respectifs.
Le fait de ne plus avoir de l’espoir dans un Territoire donné est une raison suffisante pour aller voir ailleurs à tout prix dans le sens d’un effort humain très difficile mais moralement acceptable, et non pas à tous les prix ou à n’importe quel prix que les principaux concernés ont la responsabilité de choisir ou non, tout en étant conscients du fait que ces choix peuvent s’avérer être inacceptable voire inhumains pour d’autres.
L’envie et l’urgence d’un changement longuement espéré et tellement différé voire inexistant à cause de la cruauté, l’hypocrisie, l’égoïsme, ou mieux encore l’incapacité des dirigeants à répondre de manière satisfaisantes aux préoccupations des populations, a entrainé un afflux vers des moyens illégaux pour réussir, même quand on est conscient que la voie choisie est extrêmement dangereuse.