Si joindre les deux bouts, c’est-à-dire, être en mesure de satisfaire honnêtement et quotidiennement ses besoins primaires est difficile, la qualité déplorables d’une bonne partie des infrastructures de transport au Cameroun rend ce défi quotidien encore plus complexe surtout pour les producteurs, vendeurs et revendeurs des produits maraîchers. Quand acheminer ses produits vers des points de ventes s’apparente à un calvaire quotidien il y a de quoi se mettre en branle contre ceux qui ont la responsabilité de gérer le système de transport en ville et en périphérie.
Les multiples efforts notables entrepris par l’Etat dans le but d’augmenter le nombre de kilomètre de routes bitumées et améliorer la qualité des voiries urbaines via les collectivités territoriales décentralisées laissent à désirer. Le réseau routier au Cameroun selon un rapport de 2021 est estimé à plus de cent vingt et un mille huit cent quatre vingt quatre virgule sept kilomètres (121 884,7 km). Si les projets d'infrastructures routières progressent comme il se doit, le nombre total de kilomètres de routes revêtues dans le pays s'élèvera à plus de dix mille kilomètres (10 000 km) en 2024 ; Autrement dit, soixante-quatre ans après l'accession à l'indépendance en 1960, le nombre total de surfaces pavées correspondrait à un pourcentage supérieur ou égal à huit virgule vingt pour cent (≥ 8,20 %). Et en ce qui concerne les voiries urbaines, leurs états de délabrement et leur quasi inexistence à cause de la démographie galopante et l’incapacité d’une certaine classe de la population à s’octroyer un logement qui cadre avec les exigences d’un véritable plan d’aménagement ont accentuées le problème de constructions anarchiques et suffisent pour montrer à quel point le pays est pauvre en infrastructures de transports de qualité.
La qualité des infrastructures de transports au Cameroun
Pour justifier l’insuffisance d’infrastructures de qualité au Cameroun, des sources officielles évoquent le problème de financement et le problème sécuritaire dans plusieurs régions. Si ces raisons sont valables, elles suscitent quand même plusieurs interrogations : Est-ce que nous ne payons pas le prix des multiples malversations financières qui ce se succéder au cours de notre histoire ? Est-ce que le prétexte des problèmes sécuritaires récents (2014 [2016]-2023…) n’est pas le moyen de cacher nos échecs pour mettre en avant nos efforts afin de faire croire à l’opinion que tout va pour le mieux et qu’il n’y a jamais eu de problèmes dépendant de notre volonté ? Est-ce que les problèmes sécuritaires justifient le fait que la plupart des régions du Cameroun demeurent enclavées après plusieurs décennies ?
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Les populations ont des marchandises et ne peuvent pas les écoulées facilement non pas parce qu’il n’y a pas de routes, mais parce qu’il n’y a pas des routes de qualité. S’il n’y a pas de routes de qualités à cause d’un problème de financement qui peut être discutable, cela n’enlève rien au fait qu’il faut trouver le moyen de s’adapter à la situation en viabilisant de façon permanente les voies d’acheminement des personnes et des biens pour diminuer tout au moins la peine des usagers. Il ne s’agit pas de dire que les collectivités territoriales décentralisées ne font pas, ou ne font pas bien leur travail. Il s’agit de proposer des solutions alternatives pour la survie de ces communautés en attendant l’obtention d’un financement plus significatif. Comment faire en sorte qu’en saison pluvieuse par exemple, les véhicules ne soient pas bloqués en routes ? Comment faire pour assurer une circulation quasi fluide malgré l’absence du bitume ? Un investissement humain supplémentaire est nécessaire pour permettre un mouvement de personnes et de bien certes archaïque mais utile. Nous ne pouvons pas continuer de nous permettre d’attendre qu’une route ou une piste soit impraticables pour envisager des travaux de rénovation et prendre des mesures urgentes uniquement quand il y a mort d’Homme.