L’épisode tragique qui se poursuit actuellement entre la Russie et l’Ukraine prouve à suffisance que quand des intérêts stratégiques sont mis au rang des priorités par une superpuissance ou tout autre État qui estime avoir les moyens de ses ambitions, la souveraineté d’un Territoire peut être bafouée au même titre que le principe d’égalité souveraine de tous les membres de la communauté internationale.
Il ne s’agit donc pas toujours d’une goutte d’eau qui déborde le vase, et encore moins d’une attaque inopinée qui nécessite une riposte immédiate qui va soit clore les débats, ou annoncée le début d’une guerre qui va durer plus longtemps que prévue. Vous pouvez en effet être tranquillement chez vous ou sur votre Territoire, et puis un jour, votre souveraineté est violée pour des raisons que vous connaissez, mais que le camp adverse estime être plus en mesure d’expliquer et justifier que vous.
Dans un monde en perpétuel turbulence où les intérêts stratégiques justifient des alliances géostratégiques en contexte de guerre ou non, la quête, la revendication et la défense de ces intérêts très souvent disproportionnés est toujours à la base de tout. Tout comme elles ont été à la base des deux premières hontes mondiales, elles sont également comme partout ailleurs, à la base des exactions qui se poursuivent actuellement en république démocratique du Congo (RDC) après le carnage de 1994 qui s’est soldé par des pertes en vies humaines se chiffrant en plusieurs centaines de milliers. En effet, sur le Territoire d’un voisin de la région des Grands Lacs, une majorité ethnique en termes de nombre, fit le choix de prendre les armes afin de détruire pour des motifs purement tribaux, une minorité ethnique avec laquelle elle ne voulait pas cohabité. Ironie du sort ou contre toutes certitudes basées sur la force du plus grand nombre, la minorité prit le dessus sur une majorité dont certains des partisans comme dans toutes situations délétères, firent le choix d’aller se réfugier à l’extérieur des frontières de leur Territoire, tout en entrainant l’extension d’une guerre qui était loin d’être terminée.
Le Zaïre qui redeviendra par la suite république démocratique du Congo en 1997, devint le terrain d’une hostilité amorcée chez un voisin qui estime n’avoir violé la souveraineté de personne. Le choix de destituer le régime de Mobutu par le biais d’un allier congolais opposé à ce régime, était devenue une priorité qui avait également pour but de protéger la minorité Tutsi de l’Est de la RDC. Mobutu qui prit le pouvoir en 1965, fut destitué en 1997, après 32 années de règne par les forces rwandaises, soutenues par des groupes armés ethniques congolais d’une part, et l’Ouganda d’autre part. Un dénouement heureux pour les alliés qui est à la base de l’épisode de 1998-2003 caractérisé par la prise de l’Est du Congo par les Tutsis-congolais, soutenus par le Rwanda qui revendique ce territoire comme étant le sien, et où les autorités congolaises auraient pour ambition de favoriser une nouvelle saison de l’épisode macabre qui s’est déroulée entre Avril et Juillet 1994.
La mauvaise tournure que prenaient les évènements obligea l’Ouganda à se désister et à se rebeller contre le Rwanda. Tandis que les rebelles se battaient contre les forces gouvernementales congolaises, le Rwanda et l’Ouganda s’affrontaient du coter de kisangani (Nord-Est de la RDC). Les affrontements se poursuivaient de même que les rencontres diplomatiques initiées par la communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC), la Lybie de Kadhafi, et l’Organisation des Nations Unies (ONU).
Après le décès de Laurent Désiré Kabila en Janvier 2001, et le couronnement de son fils à sa place, à savoir Joseph Kabila, les dirigeants congolais, rwandais et ougandais choisirent unanimement sur une médiation des Nations-Unies, la voie du dialogue, pour mettre un terme à cette guerre.
L’accord de Luanda du 6 Septembre 2002 permit le retrait des troupes rwandaise et ougandaise de la république démocratique du Congo malgré des soubresauts ou moments de tensions isolés qui cependant n’ont pas empêché que la fin de la guerre soit actée en Juin 2003, malgré le fait que le conflit armé eut resurgi entre 2004 et 2009, et entre 2012 et 2013. En effet, le M23, est un groupe de rebelles créé le 06 Mai 2012 par des ex-officiers de l’armée congolaise, qui depuis décembre 2023, fait parti de l’alliance ou l’association fleuve Congo (AFC), « une coalition politico-militaire de groupes rebelles et de parties politiques » dirigée par Corneille Nangaa, l’ancien président de la commission électorale nationale indépendante de la république démocratique du Congo (2015-2021).
La rébellion ou la mutinerie M23 pour sa part, est une insurrection armée initiée entre Avril 2012 et Novembre 2013 dans la province du Nord-Kivu, au Nord-Est de la république démocratique du Congo. Cette rébellion faisait suite à une première dirigée par Laurent Nkunda et son groupe de rebelles nommé le congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de 2004 à 2009. En Avril 2012, les anciens membres du CNDP intégrés à l’armée régulière, se mutinent contre le gouvernement congolais, accusant Kinshasa de n’avoir pas respecté les accords de paix de Nairobi du 23 Mars 2009, qui avaient pour but de préserver une paix durable et une réconciliation sincère à travers plusieurs articles qui précisent que le CNDP met fin à son choix d’être un mouvement politico-militaire, intègre ses éléments dans les unités de police et de l’armée, se mue en partie politique, et fait entre autre le choix de rechercher des résultats uniquement par des voies démocratiques. De plus, dans l’article 2, le gouvernement s’engage à libérer les prisonniers politiques et à respecter l’indépendance stricte du pouvoir judiciaire.
Mais plus tard, et notamment en 2012, les partisans du CNDP estiment qu’il y a des signes de marginalisations. En effet selon le CNDP, les minorités Tutsis ne sont pas suffisamment représentées dans la région du Nord-Kivu; raison pour laquelle ils forment un groupe dénommé mouvement du 23 Mars de Nairobi au Kenya en référence aux accords de la même date de l’an 2009. Cette minorité Tutsi va s’emparée de Goma, avant d’être battue par les troupes gouvernementales et les soldats de la force des Nations Unies du maintien de la paix (MONUSCO), et se réfugier pour certains au Rwanda, et en Ouganda pour d’autres. Fin 2013, un décret fut signé pour amnistier les anciens rebelles du M23. Le mouvement connait toutefois une résurgence à partir de 2021, année de la poursuite d’une guerre sanglante qui continuera de faire des milliers de victimes.
La république démocratique du Congo veut préserver sa souveraineté, le Rwanda veut imposer son autorité, le Burundi veut empêcher une extension de la guerre sur son Territoire, les pays de l’Afrique Australe et de l’Est appellent à un cessez-le-feu immédiat, et la communauté internationale par le biais du secrétaire générale des Nations Unies demande de « faire taire les armes » et privilégié comme dans le passé les voies diplomatiques et même démocratiques car cette guerre, il faut le dire, n’a jamais rien produit de bon. En effet, entre victimes et pillages des ressources naturelles soutenus de manières indirectes par des puissances étrangères ayant fait le choix de laisser circuler des minerais du sang, cette guerre ne cesse d’instaurer un environnement délétère qui ne favorise pas sa résolution pacifique, et encore moins un bon climat des affaires ; d’où les parties pris et les condamnations motivées surtout par un désir de continuer d’exploiter légalement les ressources naturelles du territoire ou continuer de faire sereinement des affaires avec la république démocratique du Congo.
On se demande si c’est à force d’utiliser une voie qui n’a rien produit de bon qu’on arrivera vraiment à pacifier le territoire, ou à obtenir réellement ce que l’on désire. L’une des closes des accords du 23 Mars de 2009 était la conversion du congrès national pour la défense du peuple (CNDP) en un parti politique qui ferai des revendications en employant uniquement les voies légales. Une option judicieuse qui a certes été mise à mal par des preuves de mauvaises gouvernances ayant engendrées des mécontentements, mais qui ne doit pas être mise de coter pour semer et propager un climat d’insécurité qui à ce jour, en Avril 2025, a engendré des millions de pertes en vies humaines. Les populations paient le prix des conséquences d’un égocentrisme accablant. Le conseil de sécurité de l’ONU et l’Union Africaine en particulier ont fort à faire dans un siècle où certains États à travers leurs actes, estiment que la souveraineté des États qui n’est pas absolue, a atteint une valeur d’expiration qui justifie le recourt à la force et aux rapports de force qui se sont définitivement imposés comme moyens de pressions et de dissuasions dans les relations internationales. Il ne reste qu’à souhaiter que les voies diplomatiques et démocratiques prennent le dessus, et que les congolais et autres qui se sont bâti un avenir dans l’Est de la RDC puissent revenir et continuer sereinement leur existence qui s’annonce pleine de défis ne pouvant être atteint sans le retour véritable d’une paix satisfaisante aussi bien pour les congolais, les pays de l’EAC et de la SADC, et tous les autres Territoires qui espèrent toujours une paix durable non pas uniquement dans cette partie de la RDC, mais sur tout l'étendue Territoire.
Français|Anglais