Créer un site internet

La diaspora camerounaise et la question de la double nationalité

malumiereetmonsalut Par Le 05/09/2023 à 14:51 0

Dans Dossiers

Dossier

Developpement 2 source celcom minjustice

L’article 12 de la loi n°1968-LF-3 du 11 Juin 1968, portant code de la nationalité camerounaise est claire : « la nationalité camerounaise est en outre acquise de plein droit, par le seul fait de la naissance sur le territoire camerounais, à toute personne ne pouvant se prévaloir d’aucune autre nationalité d’origine ». En d’autres termes, faire le choix d’avoir une double nationalité dans un Etat qui accorde ce privilège, c’est rejeter la première qui obéi à la loi d’un Etat qui n’accorde pas encore ce genre de privilège.

La question de la double nationalité au Cameroun est un débat qui a toujours susciter de l’émoi dans l’esprit des camerounais. En effet, entre ceux pour qui est camerounais celui qui s’abstient de recourir à une nationalité étrangère quel que soit les raisons, et ceux pour qui cette loi restrictive  constitue un frein dans processus de développement du pays, il y a une troisième catégorie dont l’indifférence nous amène à nous poser la question de savoir si le fait d’être camerounais ou pas, après avoir fait le choix d’une nationalité supplémentaire, enlève quelque chose au fait qu’on le soit en réalité ?

Stratégie politique ou particularité d’un Etat de droit ?

D’aucuns estiment que la question de la double nationalité est un prétexte que le politique utilise pour se maintenir au pouvoir, empêchant ainsi à des potentiels rivaux de se présenter à une quelconque élection.  Ce point de vue présente plusieurs ambiguïtés : Premièrement, il semble faire mine de ne pas considérer le fait que chaque Etat est régi par des lois qui au-delà d’un quelconque complot s’imposent à tous. Et dans un deuxième sens, il semble mettre en relief l’hypocrisie d’un système pour qui : est camerounais celui qui arrive à se distingué à l’étranger et qui est prêt à investir dans son pays natal à condition de ne pas avoir l’intention de se présenter comme candidat à une élection, sauf si bien évidement elle (la personne), bénéficie des faveurs d’un ou plusieurs particuliers. Si d’une part, le pays ne reconnait pas la double nationalité, il ne se prive pas de vanter d’autres part, les mérites des expatrier d’origine camerounaise qui se sont fait un nom à l’étranger dans les domaines de l’économie, la politique, du sport etc. Cette démarche semble faire penser qu’on vous accorde la liberté de recourir à une double nationalité dans un Etat où le droit le permet, mais on conditionne votre appartenance à la Nation camerounaise par une loi qui en fait est un moyen stratégique utilisé pour contrecarré les ambitions politiques de certains prétendants sérieux. 

Plusieurs personnalités tant dans les domaines politiques que culturelles ce sont vu être déclaré inéligible parce qu’elles avaient une double nationalité tandis que d’autres qualifier communément de binationaux, peuvent jouer en équipe nationale. Le motif de la double nationalité n’est-il pas vraiment un prétexte qu’on utilise uniquement quand nous sentons que nos intérêts sont en danger ? N’y a-t-il pas des hauts fonctionnaires qui ont des passeports étrangers ?  Est-ce qu’il ne serai pas mieux de réviser cette loi qui renie implicitement certains camerounais, ou qui est considérée par d’autres comme un moyen de dissuasion ou d’exclusion qui ne permet pas à tous ceux qui sont d’origine camerounaise et qui voudrait être reconnu officiellement comme tel malgré leur double nationalité d’avoir les mêmes droits que les autres ?

La diaspora dans le processus de développement

Si nous nous accordons sur le fait que le développement est d’abord individuel avant d’être collectif, nous comprendrons certainement ceux qui font le choix d’aller se réaliser hors de leur pays. Sans toutefois dénigré le niveau de développement de plusieurs pays africains en général et du Cameroun en particulier, nous pensons qu’il y a plus d’attractivité à l’extérieur qu’en Afrique et cela se justifie par les exodes massifs tant légaux qu’illégaux. Si la gestion des ressources locales répondait vraiment aux problèmes des africains, les résultats seraient prévisibles au niveau du taux de migration de l’Afrique vers l’extérieurs. Quand un jeune ou une jeune camerounaise par exemple, bénéficie d’une bourse, ou arrive à faire ses études à l’étranger sous fond propre (famille), et à la suite de la promotion attractive d’une université, et qu’à la fin de son cursus académique ou professionnel, on lui fait une proposition d’emploi plus avantageuse que ce qu’on pourrait lui proposer dans son pays d’origine, pourquoi est-ce qu’elle ne l’accepterait pas même s’il faille prendre la nationalité de son pays d’accueil et bénéficier des mêmes privilèges que des européens ou des américains ?

Lire aussi : Impacts positifs et négatifs des phénomènes d'immigration dans le développement de l'individu et celui des Territoires.

Les pays africains perdent de plus en plus leur cerveaux parce qu’il y a plus d’attractivité à l’extérieur malgré le fait que l’Afrique soit très riche en ressources naturelles. Le pays d’accueil en profite parce qu’il a les meilleurs programme éducatif et d’insertion professionnelles. Si en Afrique et au Cameroun en particulier on a pour habitude de dire par abus de langage qu’on forme plus de chômeurs que de travailleurs, à l’extérieurs on ne produit que des qualifications.

L’Homme est comme un oiseau migrateur. Il est toujours à la quête de terrains plus favorable. Le migrant est toujours en quête d’un idéal qu’il ne peut se procurer dans son pays. Qu’il soit arrivé à l’étranger par la voie normal ou non, le changement des conditions de vie de ceux qu’il a laissé fait aussi partie de ses projets. Il n’est donc pas normal de limiter la considération que nous avons pour nos compatriotes aux transferts d’argents qu’ils font et aux investissements que certains parmi eux réalisent au Cameroun sans toutefois être reconnu de manière officiel comme des camerounais à part entière parce qu’ils ont une double nationalité. Qu’entend-on vraiment par camerounais de la diaspora ? Est-ce un partenaire au développement ou un frère ?  Comment est-ce qu’un frère qui se revendique comme tel, et qui est connu comme tel, ne devrait-il pas être reconnu officiellement comme tel ? Ne serait-il pas le moment de changer cette loi qui limite les droits de ceux que nous appelons communément camerounais de la diaspora ?

Le grand dialogue national : un acte de considération concret

Du 30 Septembre 2019 au 04 Octobre 2019, un grand dialogue national convoqué par le président de la république et présider par le premier ministre chef du gouvernement s’est tenu au Cameroun. L’une des recommandations était l’adoption de la double nationalité. Cette même proposition était déjà un des amendements des délégués anglophone de la conférence de Foumban en 1961, en vue d’établir la constitution fédérale. Elle (la proposition) est donc toujours d’actualité et fait l’objet nous l’espérons d’un intérêt particulier pour la plus haute hiérarchie. Qu’est-ce qui va être décidé ? Seul le temps nous le dira. Mais nous espérons que ce soit les intérêts du pays ou de la nation camerounaise en générale qui motivent ces décisions.

Même si dialoguer ne veut pas dire automatiquement que nos propositions seront validés, nous pensons tout au moins que le fait d’avoir permis au camerounais de se rassembler pour parler de leur problème et essayer d’y apporter des solution que nous l’espérons seront implémentés, est une preuve concrète d’un Etat qui a fait un pas de plus vers son unité. Avoir de la considération pour ses semblables c’est arriver à les rassembler sur une même table pour échanger et proposé par la suite des recommandations qui certes ne pourront pas toutes être implémentées, mais auront été le fruit d’un effort de communication louable. La qualité du dialogue ou la manière dont il a été organisé est une autre chose. Tout effort entrepris dans le but de contribuer au retour de la paix doit toujours être le bienvenue. C’est l’une des raisons pour laquelle des centres de réinsertions ont été créé pour accueillir tous ceux qui feront le choix de déposer les armes. C’est un acte de considération qui dénote un effort de compréhension et un souci d’apporter une solution satisfaisante aux problèmes de ceux qui ont manifesté leur mécontentement à l’encontre d’un système qui serait selon eux la raison de la précarité dans laquelle ils se retrouvent.

Les mouvements de violence dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest Cameroun, motivés par un sentiment d’exclusion, font resurgir le problème de l’insuffisance des opportunités d’emploi et d’un soutient plus important à l’entreprenariat jeune qui ne peut pas être résolu uniquement par le gouvernement sans une contribution de chaque camerounais et en particulier ceux de la diaspora. Ils ont également un très grand rôle à jouer dans le changement du visage d’un pays divisé.

Si tel que semble l’avoir démontré le grand dialogue national, tous les camerounais quel qu’il soit et quel que soit l’endroit où ils se trouvent, sont tous membres d’une même nation, il serait mieux de concrétiser cette pensée par une révision de cet article qui n’a aucune considération pour les camerounais qui ont une double nationalité.

Français|Anglais

__________________________________________________________________________________

Recommandations :

WHO IS A CAMEROONIAN?

La loi n°1968-LF-3 du 11 Juin 1968, portant code de la nationalité camerounaise

Ajouter un commentaire

Anti-spam