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Revendications légitimes et replis identitaires

malumiereetmonsalut Par Le 25/03/2023 à 16:42 0

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Dossier

Vue aérienne d'une partie du chef lieu de la Région du Nord-Ouest. [Image illustrative]: AFP - REINNIER KAZE

Les vagues d’indépendances qui se sont succédé en Afrique notamment aux cours des années 1960 étaient la résultante d’une volonté d’auto-détermination affranchie de toutes formes d’influences et ingérences étrangères. Il n’y a en effet rien de meilleure que des indigènes qui gèrent eux-mêmes leur Territoire. Même si la qualité de la gestion puisse être remise en question ou susciter des points de vus contradictoire qui mettent en lumière des manquements ou les signes patent d’un échec, le fait que ce soit des natifs qui soient aux postes de responsabilité est une preuve de souveraineté et de maturité.  

Mais le fait d’être parvenu à une autonomie complète ne suffit pas ; il faut encore œuvrer pour le développement du Territoire à travers une gestion juste et équitable des richesses qui tient compte de toutes les composantes d’un ensemble qui veulent jouir des mêmes droits et des mêmes avantages car accorder des faveurs à un peuple et ne pas faire le même geste pour d’autres, c’est courir le risque de créer des dissensions entre plusieurs coépouses qui ont peut-être déjà des rapports conflictuels. En effet, chaque revendication est toujours la conséquence d’une volonté de démarcation qui implique le respect des quotas. Le principe est clair. En fonction du contexte ou du pays en question, si c’est le pays qui gagne, chaque terroir doit le ressentir de manière concrète au niveau local et agir localement pour contribuer davantage au développement du Territoire. Aller à l’encontre de ce principe serait interpréter comme une preuve d’injustice, de favoritisme ou de tribalisme.

Les ouvriers de la première heure de la lutte pour l’indépendance du Cameroun étaient déjà conscient du fait que « depuis toujours et partout, les groupes humains on une singulière tendance à se différencier les uns des autres »1 et que pour une meilleure joie de vivre ensemble dans le futur ou une coexistence pacifique, il était nécessaire de commencer à cultiver un esprit nationaliste pour ne pas voir émergé voire s’imposer des replis identitaire en total inadéquation avec l’idée d’une Nation où tout le monde œuvre pour le bien commun malgré le différences.

La simple énumération des différents acteurs de l’avant et de l’après indépendance y compris l’épisode déterminante de la réunification montre clairement qu’un pays a pluralité ethnique ne peut pas parvenir à quelque chose de meilleur sans une participation active non seulement des ressortissants de toutes les aires culturelles mais également un respect mutuel qui implique le fait de reconnaitre l’autre comme un membre à part entière de nous-même et avec lequel on est appelé à œuvrer pour le bien de la Nation grâce au transculturalisme c’est-à-dire, un dépassement et une acceptation des réalités inhérente à chaque contextes culturelles. En d’autres termes, mettre la tribu au service d’un intérêt national et non pas un intérêt commun ou particulier qui se limite au niveau du Terroir tout en développant de l’animosité ou du mépris pour les autres peuples qui comme nous font partie du même Territoire.

En circonscrivant notre énumération entre 1948 et 1962 et en allant de Ruben Um Nyobe à Ahmadou Ahidjo en passant parmi tant d’autres comme André Marie Mbida, Paul Soppo Priso, Ernest Ouandié et Jhon Ngu Foncha, nous remarquerons que tous ces camerounais ressortissants de plusieurs parties du même Territoire ont tous œuvré à leur manière pour le bien d’un intérêts commun toujours d’actualité dans un Etat soucieux de préserver son unité malgré tout.  

Au cours des trente premières années qui ont suivies l’indépendance du Cameroun français en 1960, plusieurs actes ont été posés pour consolider et parfaire l’unité. Du multipartisme de 1960 à 1965, au partie unique à partir de 1966 jusqu’au retour du pluripartisme en 1991, tout ou presque a été mis en œuvre pour le bien du peuple camerounais dans des contextes bien particuliers qui exigeaient des mesures immédiates bien qu’écœurantes en vue de répondre vraiment aux problèmes. En effet, « en 1958, la conscience tribale est l’élément essentiel de la société camerounaise. Elle peut se résumer à une opposition entre trois complexes ethniques : celui du Nord (foulbé, féodal, musulman), celui du Sud (Bantou, clanique, chrétien) et celui de l’Ouest (semi-bantou, divisées en chefferies, essentiellement chrétienne). »2 L’instauration d’un partie unique (Union Nationale Camerounaise) par la force et dans un contexte particulier correspondait à un projet de construction nationale ou mieux d’intégration nationale.

L’opposition n’était d’aucune utilité pour préserver la paix et l’unité nationale pour le feu président Ahidjo du moins à ce moment précis. Mais le fait que ce choix appartienne à une époque révolue ne signifie pas forcément que ce model ne puisse plus être adaptable aux contextes actuels. En fonction de la personne choisie par le peuple, du contexte et du but recherché par ce dirigeant, tout système politique est adaptable et perfectible. En effet, tout comme d’autres Etats et en particulier une grande puissance économique a fait le choix de perfectionner un partie unique au cours du temps pour donner à ce jour un système de coopération multipartite et de consultation politique très efficace, le Cameroun a opté pour la démocratie en laissant à chacun le libre choix de créer son propre-parti politique.   

Au début des années 1990, le multipartisme revient de même que la liberté d’association qui n’existait plus depuis 1966; plusieurs ex-membres du parti unique sont allés créer leurs propres formations politiques dans leurs régions d’origine. Mais malgré cela les injustices ont persistées et engendrés des soulèvements et revendications justifiées que même « les commandements opérationnels »3 créés en vue de pacifier le pays n’ont pu résoudre. C’est plutôt la tenue d’une « conférence tripartite »4 avant les échéances électorales de Mars et Octobre 1992 qui a amenée l’accalmie car ayant aboutie tout au moins à la satisfaction des principaux parties conviés à cette plateforme de concertations.  L’opposition accepta de lever le mot d'ordre de grève de ville morte et de désobéissance civile, le gouvernement accepta de démilitariser les zones sous contrôle de l'opposition et parmi tant d'autres résolutions de fixer un moratoire pour les commerçants victimes de villes mortes.

Document

Signalétique du Batiment de la réunification du Cameroun. Image: jeuneafrique.com

La crise socio-politique dans les régions du Nord-ouest et le Sud-Ouest Cameroun

Après la déclaration de la guerre en France en Mai 2014 à un groupe terroriste dont les menaces dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun étaient très vives à cette période, si rien ne présageait un problème encore plus sérieux et latent en interne et dans d’autres régions du même Territoire deux années plus tard, des signes annonciateurs se profilaient déjà à l’horizon sans toutefois retenir une attention particulière. Il a juste fallu une revendication légitime supplémentaires et pacifique pour voir surgir par après des élans sécessionnistes et radicaux déterminés à se séparé de la république du Cameroun.

Si cette autre initiative mais violente cette fois a été soutenu par certains camerounais à ses débuts, aujourd’hui, avec les proportions très inquiétante que cette crise à prise au cours du temps, l’heure est au regret et au souhait d’un retour à la normal par voie de concertations sérieuses avec ceux qui sont vraiment disposé à discuter.

La préparation à l’indépendance, à la réunification et à l’unification étaient déjà des étapes dans une longue marche vers la joie de vivre ensemble malgré des dissemblances sur un même Territoire. La prise en compte des revendications légitimes des avocats et autres éducateurs d’expression anglaise n’était qu’une suite logique des multiples défis du jeune Etat indépendant. On ne peut en effet pas parler d’Unité quand rien n’est mis en œuvre sur le plan éducatif, juridique et institutionnel de manière concrète pour un meilleur exercice de l’activité de ces professionnels. Ces manquements parmi tant d’autres motifs de frustrations ont motivés pour ne pas dire engendrés la naissance d’un conflit sanglant et latent qui perdure malgré des efforts de concertation et de réparation qu’il faut tout de même reconnaitre.

Et même s’il y a eu des promesses non tenues s’agissant notamment des clauses de la conférence de 1961 s'agissant particulièrement des conditions de l'établissement d'une nouvelle constitution de même que des échecs sur le plan économique ayant fait murir ou rejaillir brutalement une sensation de marginalisation, la voie des armes pour solutionner une réclamation légitime ou non, manque de pertinence même si elle démontre réellement l’existence d’un problème. En Fait, « Il n’y a pas de chemin vers la paix ; La paix est le chemin. »5  Vouloir la paix c’est être disposer à discuter et non pas commettre des homicides pour obliger un Etat ou un système à céder à une suites de réclamations dont les moyens utilisés pour atteindre ce but s’assimilent à un chantage qui fait souffrir tout le pays au point où certains leaders acerbes de la première heure des mouvements sécessionnistes comme bon nombre de camerounais sont fatigués de cette situation pathétique et dramatique sans toutefois arrêter d’espérer qu’elle aura vraiment une fin dans un futur proche.

Document

Carte de répertoriage de certains principaux lieux d'attaques et d'affrontements . Image: jeuneafrique.com

Mais qu’est-ce qu’il convient donc de faire ?

Tandis que Certains proposent un dialogue plus inclusif que celui qui s’est tenu entre le 30 Septembre et le 4 Octobre de l’année 2019 pour satisfaire tout le monde, d’autres préfèrent l’exclusion car ne se considérant plus comme des membres d’un Territoire qui non seulement ne les a pas permis de sortir de la précarité mais qui a en plus violer leur droit en rompant d’une manière abusive avec un système plus favorable au développement des territoires ; d’autres encore proposent une médiation externes ; d’autres un retour catégorique au fédéralisme en vue de renouer avec un système efficace dont l’abrogation en 1972 a tout chamboulée. D’autres enfin, tout en reconnaissant la possibilité de véritablement développer un pays avec un système fédérale, proposent qu’il soit communautaire. Et la liste n’est pas exhaustive. S’agissant des solutions à mettre en œuvre pour régler définitivement cette crise ce n’est surtout pas des propositions qui manquent. 

Les problèmes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest Cameroun sont la conséquence des revendications légitimes ayants pris la forme de repli identitaires macabres ne permettant pas un dialogue franc. Même si des efforts supplémentaires s’imposent, des efforts significatifs ont tout de même été faits pour des régions dont les populations se sont senties lésées au point d’avoir réclamer de manières directes et indirectes l’indépendance d’un espace ou d’un territoire non reconnu sur le plan international.

On se demande bien comment parvenir au règlement de cette crise par les armes quand on se souvient qu’aucuns des problèmes ayant nécessités de recourir aux armes dans l’histoire du Cameroun n’a conduit à la paix ou plus précisément permit aux protestataires d’obtenir illico-presto par effusions de sang ce qu’ils réclament. L’histoire nous enseigne que les voies démocratiques, la diplomatie et les concertations pacifiques ont toujours eu raison de la violence armées. Même quand il a fallu que le Cameroun Méridional rallie la république du Cameroun de 1960, il a fallu un scrutin. Le Cameroun comme un Territoire indépendant n’a jamais eu à céder une portion de son Territoire après des attaques armées d’un camp adverse. Il a toujours fait front aux problèmes par des opérations défensives et de résistances tout en respectant les décisions de la court international de justice qui est une voie légale pour ceux qui veulent vraiment la paix car « La politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre une politique avec effusion de sang. »6

Si on considère le fait que tout a effectivement été chamboulé avec la décision de rompre avec le système fédéral, reconnaitre l’indépendance d’un territoire qui a fait le choix de rallier le Cameroun indépendant de 1960 ne serait pas une manière pour Nous de renier une réunification que nous avons librement choisie ?

L’Organisation des Nations-Unies a fait des propositions et le Southern Cameroun a choisi de rallier la république du Cameroun du 1ER Janvier 1960. Depuis l’or, le gouvernement du Cameroun est responsable de ses propres choix et doit assumer ses responsabilités dans la situation actuelle car on a avancé en oubliant de panser certaines blessures du passé. Plusieurs acteurs se sont battus et ont payé de leur sang l’indépendance et la réunification du Cameroun. Si accorder une indépendance ou plutôt une autonomie avec autonomisation aux régions du Nord-Ouest et du South-Ouest Cameroun serait une manière de déshonorer leur mémoire, construire quelque chose de nouveau sur la base du statut spécial qui confère "des compétences supplémentaires faisant partie du patrimoine historique de ces régions7" et qui est sans doute un moyen efficace de les honorer davantage. De plus, dans un Etat démocratique rien n’est impossible. Peut-être avec le temps et grâce à un ou plusieurs partis politique d’opposition le changement de la forme de l’Etat sera possible non pas en mettant en péril l’existence des millions de camerounais pour des réclamations aux allures d’un repli identitaire macabres mais par des moyens légaux prévus par le Droit et respecté par tous les camerounais sans exception de rang social ou d’appartenance ethnique.

Français|Anglais

Références

[1] L’ennemi “ethnique”

[2] l’Union Nationale Camerounaise

[3] Cameroonians general strike for democratic elections, 1991

[4] Crise de légitimité et évidence de la continuité politique

[5] “There is no way to peace; peace is the way”

[6] Mao Tse Tung, « On Protracted War”, (May 1938), selected works, Vol. II. pp. 152-53*

[7] Powers of the Regions with Special Status

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CAMEROUN : Pourquoi la crise dans les régions anglophones persiste-t-elle ?

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