Au-delà de l’aspect de souveraineté qu’elle implique, la symbolique des éléments constitutifs du drapeau d’un pays nous enseigne également qu’un Etat est une histoire, une culture, un peuple, une nation, un espace et une géographie. En effet, il n’y a pas de peuple sans histoire, sans éléments culturels qui renvoient aux réalités d’un terroir habités par des populations appelées elles-mêmes à manifester une joie de vivre ensemble qui n’exclus pas l’autre mais le considère comme un membre à part entière d’un Territoire national où chaque composante est appelée à œuvrer pour le bien de l’ensemble.
Après une succession de période de protectorat, de tutelle et de mandat, le Cameroun ou tout au moins une partie de son Territoire sous administration française devint finalement un pays indépendant. Bien que cet objectif visé depuis la fin de la première guerre mondiale et assigné aux français et britanniques respectivement par la Société Des Nations (SDN) et l’Organisation des Nations Unies (ONU) fut atteint au début de l’année 1960, ce n’était qu’une étape décisive dans la marche vers une unité dont les résultats positifs des premiers efforts de communication en vue de la réunification permirent notamment l’ajustement du drapeau national question de traduire symboliquement et de façon formel une volonté de fédération ou tout simplement de vivre ensemble. En effet, Le 1ER janvier 1960 le Cameroun autonome devient indépendant sous le nom de république du Cameroun avec un drapeau tricolore vert-rouge-jaune adopté non pas par une nouvelle assemblée législative mais celle du 10 Mai 1957. Entre temps, le Cameroun sous administration britannique n’est pas encore indépendant. Les deux grandes puissances étaient autonomes dans l’administration des territoires qui leur ont été confié.
On se serait peut-être attendu à ce que de commun accord, les britanniques, les français et la communauté international accordent l’indépendance à tout le Territoire camerounais mais l’organisation d’une élection en vue de laisser ceux qui étaient sous administration britannique de choisir ou non le ralliement avec le Nigéria voisin montre que le véritable objectif n’était pas la réunification mais l’agrandissement d’un territoire d’expression anglaise.
Cet objectif inavoué fut quand même atteint partiellement. La partie Nord du Cameroun Britannique rallie la république fédérale du Nigéria tandis que la partie Méridionale fit le choix du ralliement à la république du Cameroun à condition qu’il y ait changement dans la forme de l’Etat c’est-à-dire, au lieu d’un pouvoir présidentialiste ce soit plutôt une fédération incarné par le chef de l’Etat et des Etats fédérés ayant un statut particulier avec leur propres gouvernement et pouvoirs garantis dans la constitution tout en ayant une autorité supérieure incarnée par un président de la république.
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Les pourparlers aboutirent à la réunification du pays le 1er Octobre 1961 sous le nom de république fédérale du Cameroun avec comme couleur nationale les traditionnelles vert-rouge-jaune de la législature du 10 Mai 1957 mais cette fois avec deux étoiles sur la bande verte symbolisant les deux états fédérés.
Puisque le chef de l’Etat de l’époque était un produit de l’administration française, il fit tout son possible pour changer cette dénomination à connotation britannique. C’est ainsi qu’en 1972, la république fédérale devient république du Cameroun avec un changement supplémentaire sur les couleurs nationales à savoir : une seule étoile sur la bande rouge et adopté le 21 Mai 1975. Le changement de la forme de l’Etat s’est traduit de facto par un changement sur le drapeau de la république.
L’influence française prit le dessus sur l’influence britannique pour donner naissance à un Etat unitaire qui adopta une politique de multilingue stratégique qui n’est qu’une conséquence palpable d’une double influence qui a tout de même le mérite d’avoir contribuer à faire du Cameroun un Etat bilingue.
Le drapeau de la république du Cameroun tel qu’il est aujourd’hui est le résultat d’une suite de réflexion, de partage et de consensus ayant démarré avant l’indépendance du pays. Les quatre aires culturelles y sont représentées ainsi que l’autorité qui incarne l’unité nationale à laquelle elles renvoient. Si les trois couleurs à savoir le vert, le rouge et le jaune représentent de façon arbitraire les luttes pour l’indépendance, la souveraineté du pays, l’espérance d’un Cameroun riche et prospère, et la nature ensoleillée d’un Etat où il fait bon vivre, l’étoile dorée pour sa part renvoie à un Cameroun qui demeure Un et indivisible malgré des revendications légitimes malheureusement entachées par des exactions qui complexifient le règlement d’un conflit armé qui nous l’espérons aura quand même un dénouement heureux grâce aux multiples moyens mis en œuvre et attendus.
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