Analyse/La transmission d’un héritage culturel s’inscrit toujours dans une dynamique transitionnelle qui découle de l’intérêt que nous portons à ce que nous aimons, et qui doit être perpétué par des générations successives, qui ont le devoir de préserver la mémoire vivante d’un ensemble de points de repères qui font la particularité d’un ensemble de peuples dont les identités culturelles à l’échelle des départements et arrondissements, sont des éléments essentiels sans lesquels on ne peut parler d’identité nationale. C’est dire que tout doit concourir au bien de la Nation. Quand une identité singulière se caractérise par des contre-valeurs qui se perpétuent de génération en génération dans la clandestinité, c’est toute la Nation qui en pâtit, parce que ce sont des membres à part entière d’une Nation qui sont affectés.
Parler de la valorisation des valeurs africaines, c’est reconnaitre implicitement que la perpétuation des contre-valeurs est une réalité contre laquelle il ne faut ménager aucun effort, pour faire disparaitre ces habitudes détestables ou dégradantes, qui ternissent l’image d’un Territoire qui se caractérise également par des pratiques d’un autre temps, qui ne cadrent pas avec un présent qui valorise l’égalité des genres, sans toutefois promouvoir la supériorité du genre féminin, mais plutôt plaider davantage en faveur du droit des femmes et des filles à avoir des meilleures conditions de vies en Afrique, et notamment de disposer de leur corps comme elles veulent, tout comme leur semblables du genre masculin.
Quel héritage voulons-nous transmettre à nos enfants ? La tradition africaine accorde une place importante au respect des ainés. Une valeur essentielle qui ne doit cependant pas être mise en pratique de manière déraisonnée car en effet, quand des jeunes enfants subissent des mutilations des parties génitales sous l’influence dévastatrice de « certains ainés », on ne peut plus parler du respect d’autrui. Il en est de même pour ces veuves qui subissent des humiliations publiques, les enfants qui refusent de respecter les dernières volontés de leurs ancêtres, et ces familles qui font le choix de déposséder une veuve de tout, juste après le décès de son époux.
L’image des cultures africaines est ternie par un ensemble d’actes toujours pratiqués, malgré les combats permanents en faveur notamment d’une meilleure condition féminine. Des actes volontairement assumés par une certaine horde d’ainés endoctrinés par des idées préconçues et erronées d’une autre époque, qu’elle veut faire croire à une jeunesse qui appartient à un temps qui ne se moque pas de la tradition, mais qui voudrait en savoir l’utilité dans le monde présent. En quoi est-ce que l’excision contribue au développement d’un pays et à l’épanouissement de l’espèce humaine ? Peut-on encore parler de sacralité de la famille, quand une veuve est privée de ses droits, ou quand elle est humiliée et chosifiée parce qu’on considère qu’elle n’a pas des droits mais uniquement des devoirs ?
Ce n’est pas parce qu’une génération a eu à subir des abominations qu’elles doit l’imposé à une autre, dans des cadres de vie où les ainés ont le droit de faire ce qu’ils veulent à une jeunesse qui a le droit d’avoir une existence épanouie inadmissible pour une confrérie d’individus malveillants, déterminés malgré tout à faire perdurer une volonté patriarcale qui voudrait que la soumission soit aveugle et irraisonnée. Or, le temps des victimes résignées est un temps révolu. Ce n’est pas uniquement aux anciens de faire savoir ce qui est bien, mais également aux jeunes de faire savoir ce qui est mal, et qui est toujours pratiqué malgré tout. Le temps de la barbarie est révolu, et le combat continue contre tous ceux qui ne veulent pas respecter le droit des autres, à dire oui ou non à ce qu’ils ou elles ne veulent pas.
L’anthropologue britannique Edward Brunett Taylor (Octobre 1832 – Janvier 1917) disait que : « la culture est cet ensemble complexe incluant les savoirs, les croyances, l’art, les mœurs, le droit, les coutumes, ainsi que toute dispositions ou usages acquis par l’homme vivant en société. » c’est dire qu’il y a un héritage à transmettre à des générations successives, qui vivent dans des sociétés qui ont leur spécificités, et qui sont également appelées à évoluer car la culture n’est pas statique. Et on ne peut pas parler de culture sans parler de valeurs. Tout comme la culture peut nécessiter des réajustements à certains niveaux, il en est de même des valeurs, qui sont des "principes qui orientent l’action de l’individu, d’un groupe ou d’une organisation en société." Des valeurs fortement influencées par des systèmes éthiques, moraux et religieux. Mais si on peut avoir la même culture, on peut ne pas partager les mêmes valeurs. Si certains pensent qu’il faut par exemple continuer de pratiquer l’excision, d’autres ont le droit de dire que c’est une mauvaise pratique, et qu’il faut militer davantage pour qu’elle ne soit plus pratiquée, et que ceux et celles qui continuent cette pratique dans la clandestinité soient condamnés.
Il en est de même pour les pratiques de veuvage dégradantes ou humiliantes, qui donnent à penser que la fin du voyage terrestre d’un époux, est une malédiction pour une épouse qui a l’obligation de subir des humiliations en public qui dénotent un manque de considération pour les droits des femmes. En effet, dans plusieurs ethnies en Afrique, et en particulier au Cameroun, quand une femme meurt, on pleure, on fait le deuil et puis par après on oublie tout ; on passe à autre chose parce que la vie doit continuer. Mais quand c’est un homme qui meurt, ce n’est pas toujours le cas. C’est très souvent le début d’un calvaire traumatisant pour certaines femmes. Ces attitudes qui ternissent l’image des cultures africaines ne cadrent pas avec le véritable respect d’autrui qui se traduit par le respect des droits de l’autre, et en particulier ceux de ces femmes qui subissent un martyr infligé dans des coins reculés, par des individus malveillants, qui prennent le prétexte de la tradition pour faire perdurer des abominations qui n’ont plus droit d’être.
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