Pour les ex-combattants, le gouvernement a mis en avant comme moyen de réinsertion, la valorisation des « petits métiers » dans les domaines de l’agriculture, l’informatique, et la menuiserie entre autres. Des initiatives en droite ligne avec la nécessité d’une réforme des programmes éducatifs, axés beaucoup plus sur la théorie que la pratique. En effet, quand on fait le choix de l’option apprentissage des petits métiers, c’est parce qu’il y a le souci de permettre l’obtention d’un ensemble de qualifications. Même si ce n’est pas l’acquisition de ces qualifications qui garantira une vie épanouie, c’est tout de même un mieux que rien, qui s’inscrit dans un processus d’amélioration constant.
En Février 2021, Les Pensionnaires des centres de désarmement, de démobilisation et de réinsertion de Buea avaient notamment réclamé des allocations pour subvenir à leurs besoins quotidiens, de même que des meilleures conditions de vie entre autres. Ce sont des revendications qui traduisent un mal être social qu’une bonne majorité des jeunes camerounais revendiquent, dans un pays où selon la cinquième enquête camerounaise auprès des ménages et publiée en 2022, par l’institut nationale des statistiques, environs 4 personnes sur 10 sont pauvres. À noter que la banque mondiale évalue la pauvreté dans le monde sur deux seuils reconnus sur le plan international à savoir, ceux qui vivent avec moins d’un (1) et deux (2) dollars par jour. Sur une population estimée à cette période-là à près de vingt-sept millions, 10, 1 millions vivaient avec moins de deux dollar par jour. Soit 813 F CFA/ jour ou 24. 724 F CFA/mois. À noter que selon cette cinquième enquête, l’indicateur de bien-être en 2022 se situait en moyenne à 1363 F CFA par personne et par jour, et le seuil de pauvreté tel qu’il est défini dans cette cinquième enquête « est l’indicateur de bien-être au-dessous duquel il est impossible de s’offrir le panier minimum de consommation » ; c’est-à-dire obtenir une alimentation adaptée du point de vue nutritionnel et satisfaire les besoins de base non alimentaires ; soit 24. 724 F CFA/mois, et 813 F CFA/ jour. C’est dire que les conditions de vie sont difficiles, et que plus le conflit perdure, plus il sera encore plus difficile de remédier à cette situation qui nécessitera davantage que les camerounais jettent les armes, afin que les revendications d’une minorité qui traduisent celle d’une majorité, soient résolues dans la paix et la concorde.
Il faut donc prendre le mal à la racine. Les accumulations de frustrations, les sentiments de marginalisation, motivés par la précarité ambiante entre autres, ont amené plusieurs camerounais à prendre les armes contre leur pays, qui ne peut pas se faire la guerre à lui-même. Déclarer la guerre à une organisation terroriste, ce n’est pas déclarer la guerre aux jeunes camerounais qui ont fait le choix de rejoindre le camp adverse pour des raisons économiques, sociales, et politiques. Combattre les mouvements sécessionnistes, c’est être en état de force légitime, tout en mettant en place des mesures visant à amener certains jeunes camerounais à reconsidérer leur choix de rejoindre les camps ennemis, en jetant les armes pour repartir à zéro, malgré le fait que leur choix est compréhensible. C’est en effet en agissant de la sorte qu’on donne à la jeunesse des raisons d’espérer dans un environnement où les conditions ne sont certes pas faciles, mais où des efforts sont tout de même entrepris, pour remédier à la situation peut-être pas totalement, mais de manière continue, en se fixant des priorités à court, moyen et long terme.
Le jeune camerounais qui prend les armes contre son pays est un exemple de jeunes désorientés. Des jeunes dont le sentiment de désespoir est instrumentalisé par des organisations terroristes, et autres mouvements sécessionnistes, pour semer le chaos. Les camerounais ne doivent plus s’entretués parce qu’il y a des individus qui ont décidés d’atteindre leur objectifs sulfureux à tout prix, et à tous les prix ; c’est-à-dire, jusqu’à la mort, et en ôtant le plus de vies possible du coter d’une république à laquelle ils estiment ne pas appartenir.