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Le traité Germano-Douala ou le prétexte de l’annexion d’un Territoire longtemps convoité

malumiereetmonsalut Par Le 30/11/2024 à 00:00 0

Dans Histoire

Histoire

Attaque du village de Lock Priso par les Allemands en Décembre 1884. Image: wikimedia.org

Analyse/Parmi les multiples potentialités économiques qu’un pays peut avoir, l’accès à la mer est un des principaux atouts essentiel. Aujourd’hui encore, plusieurs pays qui n’ont pas accès à la mer font le choix sur la base des bonnes relations politiques et diplomatiques qu’ils entretiennent avec l’État camerounais de réceptionner leurs cargaisons de marchandises au port de douala au Cameroun pour les acheminer par la suite principalement par voie routière, dans leur Territoires respectifs.

Mais si la région du Littoral demeure l’une des portes d’entrée sur le Territoire camerounais notamment via sa façade maritime à l’Ouest sur l’Océan atlantique, pour un territoire nouveau ou une nouvelle trouvaille qui attire les convoitises, une porte d’entrée n’est que le point de départ d’une longue expédition non seulement en vue de prendre connaissance de l’espace, mais aussi se l’approprier par la production d’œuvres exploitable comme « la Moisel » ou les cartes élaborées par le cartographe allemand Max Moisel (1869-1920) au début de XXème siècle, qui prouvent à suffisance que la délimitation d’un Territoire de même que le recensement des éléments de topographie, d’hydrographie, de climatologie, ainsi que les considérations socio-économiques sont l’aboutissement d’un travail de longue haleine qui aura toujours son utilité.

Ce qui est « beau » ou « belle » attire toujours les convoitises. Ceux qui se mettent à la conquête de nouveaux espaces espèrent y trouvé les moyens non seulement d’étendre leur cultures, mais aussi faire des affaires rentables pour leurs États respectifs. Mais pour y parvenir il faut au préalable un travail d’inspection ou d’exploration qui ne peut être initié sans l’aval ou l’autorisation des occupants des lieux ou du point le plus accessible à première vue à savoir, le territoire où se trouve les berges du Wouri.

Représentation cartographique du Territoire camerounais. Source: wikimedia.org

De rio dos Camerões à Kamerun

Depuis le 15ème siècle, s’il faut uniquement se limiter à cette période de l’histoire, le Cameroun comme Territoire a toujours connu des présences extérieures. En 1472, l’équipage de l’explorateur portugais Fernando Pò arrive dans le territoire de l’estuaire du Wouri et baptise ce territoire Rio Dos Camerões c’est-à dire, rivière de crevettes parce que nous dit-on, ils y auraient trouvés une quantité impressionnante de crevettes qu’il y a toujours, mais certainement pas comme à cette époque-là. Plusieurs pays étrangers ont cohabités sur ce territoire aux potentialités énormes à savoir l’actuel région du Littoral qui en était la porte d’entrer, et où les accords commerciaux étaient très  satisfaisant au point d’inciter davantage la curiosité de ceux qui étaient animés par une volonté de plus s’étendre afin de jouir davantage des potentialités que regorge ce Territoire. Mais pour cela il fallait l’accord des autochtones ou mieux encore le prétexte de l’accord des autochtones pour mieux étendre une hégémonie sur un espace qu’on convoite depuis très longtemps.

L’occasion d’atteindre cet objectif se présenta quand pour des « raisons sécuritaires », les chefs de la rive gauche du Wouri avaient besoin d’un accord avec une puissance étrangère ou comme le disent certains chercheurs, « d’un bouclier militaire et commercial » contre leurs frères de la rive droite du fleuve à savoir Bonabéri appelé en ce temps-là Hickory town, qui avait pour Roi et chef du Canton Bele Bele, le Roi Lock Priso apellé aussi Kum’a Mbappe Bell qui refusa d’être l’un des principaux signataire du traité Germano-Doula. C’est face au mutisme ou mieux encore, au silence peut-être un peu trop excessif des anglais, qu’ils font le choix de se tourner vers d’autres courtisans notamment les allemands avec qui ils conclurent le 12 Juillet 1884 non pas un traité d’annexion, mais plutôt un traité commercial ou un prolongement de l’accord du chef Akwa et la firme Woermann sur la protection des biens de la firme sur les terres des principaux concernés. Le traité Germano-Duala ou traité de 1884 fut donc signé le 12 Juillet 1884 entre deux firmes commerciales allemandes et les Rois Doumbe Lobe Bell et Akwa Dika Mpondo de la côte camerounaise ou plus précisément de la rive gauche du Wouri.

Ce texte juridique ambitieux et ambigüe en même temps du fait de ses insuffisances ou tout simplement son manque de clarté stipule entre autre que : les chefs ou les principaux concernés dans cette affaire commerciale abandonnent, ou mieux encore, transfèrent leur droits de souveraineté sur le territoire camerounais, ainsi que la législation et l’administration à Edouard Schmidt de la firme Woermann, et Johanness Voss agissant pour le compte de la firme Jantzen et thormälhen, toutes deux à Hambourg en Allemagne. Avec cependant plusieurs réserves : « le territoire ne doit pas être cédé à une tierce personne, les traités de commerce conclut avec d’autres gouvernements doivent demeurer valables, les terrains cultivés par les autochtones et les emplacements sur lesquels se trouvent les villages doivent restés la propriété des possesseurs actuel et de leur descendants, les impôts doivent continuer d’être payé aux rois et aux chefs, et enfin, les coutumes et autres usages doivent être respectés. » Il s’agissait donc d’un traité commercial entre une portion de territoire et des firmes étrangères sous le couvert obscur d’une puissance impériale dont les véritables intentions n’étaient pas uniquement de faire du commerce, mais surtout annexer un Territoire occupé par des individus de classes inférieurs. De plus, la signature de ce traité se situe dans le contexte de la tenue d’une conférence légendaire à Berlin entre 1884 et 1885, qui a tracée les frontières des pays et même celles des dépendances extérieures occupées par des êtres inférieurs.

De la délimitation territoriale des compétences et de l’annexion

C’est la conférence de Berlin qui accorda à des territoires comme rio dos Camerões devenu Kamerun après que les Allemand eut hissé leur drapeau sur le plateau Joss qui se situe dans le Sud du quartier Bonanjo actuellement, dans la commune d’arrondissement de Douala 1er, pour marquer leur souveraineté sur un territoire convoité également par les français et britanniques. Un territoire où la souveraineté rudimentaire des chefs et des rois était tributaire d’une souveraineté extérieure matérialisée par le régime international de protectorat. Or, le traité précise bien de quel territoire est-ce qu’il s’agit : le territoire nommé Cameroun situé le long du fleuve Cameroun entre les rivières de Bimbia au Nord qui avait un ancien port négrier et qui donne accès aux régions du Littoral et du Sud-Ouest notamment la commune actuelle du 3ème arrondissement de la ville de Limbé dans le département du Fako, et kwakwa au Sud dans la région du Littoral pour la deuxième extrémité qui délimite le territoire en question. Il s’agissait donc uniquement d’une portion de territoire tout comme le territoire du small-Batanga situé dans la région du Littoral entre le fleuve LOTE (entre les fleuves Nyong et Sanaga) et la rivière Lokunjé dans la région actuelle du Sud qui a également eut à signer un traité de même nature avec les allemands en Juillet 1884.

Il importe donc de faire le distinguo entre propriétaires terriens et nations civilisées. Le détenteur des terres au niveau local ne possède pas tout le Territoire. Il y avait une délimitation territoriale des compétences. Ces traités ne pouvaient donc pas concerné tout le pays ; et même s’il faut tenir compte de l’hypothèse selon laquelle les allemands étaient ignorants du fait que ce territoire était plus vaste que ce qu’ils auraient imaginés, il ne faut surtout pas se voilé la face en refusant d’admettre que c’est une ignorance suspicieuse qui s’est servi du prétexte d’un ensemble de traités conclut avec des leaders de portions de territoire pour prendre possession de tout un Territoire au grand mépris de la réalité de la présence d’autres peuples sur des territoires pris illégalement. De plus, trois ans après la signature du traité, la partie allemande viola une des clauses de la convention à savoir : le paiement d’impôts aux chefs qui fut payé pour la dernière fois en Juillet 1887; la partie allemande n’a donc pas respectée la promesse juridique qui consistait à payer l’impôt continuellement puisqu’elle exerçait toujours une activité commerciale sur le territoire. On ne s’acheminait plus uniquement progressivement vers une annexion du Territoire mais le Territoire était déjà annexé puisqu’en Juin 1895, le gouverneur du Cameroun Jesco Von Puttkamer interdit aux autochtone d’exercer tout commerce sur la Sanaga qui était la voie d’accès aux pays bassas et yaoundés. Or les réserves des chefs mentionnées dans le traité stipulaient de protéger « les traités d’amitié et de commerce qui ont été conclu avec d’autres gouvernements étrangers. » De plus, le IIème Reich ou l’empire fondé par Bismark en 1871 et qui a perduré jusqu’en 1918 avec la fin de la première guerre mondiale, promulgua en Juin 1896, une ordonnance impériale instituant la notion de terres vacantes et sans maitres pour identifier les territoires occupés qui pourtant avaient déjà des propriétaires terriens. C’est ainsi que surgiront des réticences collectives coutumières et en 1910, les allemands exproprient de force les riverains du plateau Joss. Les autochtones dirigés par Rudolph Douala Manga Bell protestent et il est demi de ses fonctions de roi du clan Bell du peuple douala puis assassiné quelques jours plus tard le 8 Août 1914 à Douala.

Le prétexte du commerce fut instrumentalisé pour annexer tout un Territoire. Même si certains chefs douala ont eu à transférer leurs droits de souveraineté, il s’agissait uniquement des terres où ils étaient chefs. Les chefs n’ont pas vendus leur territoire. Ils ont cédé une partie de leur souveraineté pour avoir quelque chose en retour, mais l’autre partie a pris cela comme une opportunité d’annexion de tout un Territoire habité par des individus incapable selon eux de s’auto géré en plus d’avoir nécessairement pour ne pas dire obligatoirement besoin d’une puissance protectrice qui aurait de toute façon annexé de force ce Territoire vue le statut des territoires africains à cette époque-là. Il a fallu attendre la fin de la conférence de Berlin pour se rendre compte que le véritable but recherché n’était pas uniquement commercial mais surtout une volonté d’annexer un Territoire habité par des « barbares » qui ont certes des droits mais qui ne représentent rien par rapport à ceux d’un pays reconnu comme une grande puissance sur la scène internationale et qui était prêt à tout pour s’approprier un Territoire qu’elle convoitait depuis fort longtemps.

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Bimbia slave post island. Image: atlasobscura.com

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Le Traité germano-douala du 12 juillet 1884 : étude contemporaine sur la formation des contrats dans l’ordre juridique intemporel

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