Occupation anarchique des sols et augmentation des risques d’inondations et de glissement de terrain au Cameroun

malumiereetmonsalut Par Le 03/07/2024 à 00:00 0

Dans Éditoriaux

Éditorial

Déplacement sur pirogue avant la réhabilitation de la digue de Maga. Image source le monde.fr

A travers les récentes inondations dans le monde et notamment celles de l’Etat du Rio Grande do Sul du 29 Avril 2024 au Brésil, nous avons une fois de plus eu la preuve tangible du fait que malgré tous les moyens mis en œuvre pour faire obstacle ou mieux encore prévenir les effets dévastateurs des catastrophes naturelles facilitées également parfois et par endroits par des facteurs anthropiques, l’Homme n’est pas toujours en mesure de dompter de manière efficace une nature qui recèle des mystères se traduisant parfois par des imprévus qui malgré les moyens technologiques appropriés démontrent les limites des mesures d’adaptation.  

Que l’on soit en Afrique, en Europe, en Amérique ou en Asie, tout le monde peut être victime des inondations terrestre et des glissements de terrains. Si en fonction du contexte géographique, les solutions à apportées pour résoudre ces problèmes peuvent être différentes, les causes sont globalement les mêmes : Fortes pluviométrie et débordement des lits de cours d’eaux, saturation des sols suite à des fortes précipitations, manque de système d’évacuation des eaux dans les quartiers spontanés, rupture d’un barrage ou d’une digue, déstabilisation des pentes du fait de l’impact négatif des activités de l’Homme sur son milieu et entre autre enfin les tremblements de terre et les éruptions volcaniques, expliquent des conséquences dont l’ampleur est encore plus catastrophique dans les lieux où il y a une occupation anarchique du sol.

Quels solutions appropriées en contexte camerounais ?

Tout comme il est plus facile de dire ou d’ordonner aux populations de ne pas s’installé à certains endroits que de leur proposé des endroits où se recaser, la responsabilité des conséquences catastrophiques des phénomènes naturels et notamment des inondations et des glissements de terrain sera toujours partagée car en fait, il y a d’une part une incapacité à faire face au problème de démographie galopante face à l’insuffisance des ressources, et d’autres part des populations déterminées à s’installer n’importe où parce qu’il n’est pas facile de se trouver un lopin de terre convenable à un prix que tout le monde pourrait qualifier d’abordable surtout dans les grande villes.

Mais que l’on soit en plein centre-ville ou en périphérie, de plus en plus de personnes préfèrent s’installées dans des secteurs à risques parce que selon elles, non seulement les habitations y sont plus accessible financièrement, mais également parce qu’il est encore plus facile d’y implanté des habitations sans toutefois respecté les règles générales d’urbanisme et de construction comme par exemple et entre autres, éviter les terrains exposés aux risques naturels, permettre l’intervention des services de secours ou de voirie, et avoir un système règlementaire d’évacuation des eaux souillées et même pluviaux.

La réalité sociale d’un environnement caractérisé par la précarité favorise des constructions spontanées et même la création de nouveaux secteurs d’habitations illégaux et dangereux au grand mépris des mesures fixées par le législateur qui pour certains ne tiendraient pas compte des difficultés des populations et surtout des solutions à apporter pour éviter qu’elles s’exposent volontairement et même de manière irresponsable à des catastrophes naturelles à venir.   

Plutôt que de respecter les normes, certaines tranche de la population nationale préfèrent s’installées n’importe où parce qu’elles n’ont pas les moyens d’avoir mieux. Mais à quel prix ? Si en effet le prix à payer pour s’installer dans une habitation située dans un secteur dangereux peut être dérisoire, il ne représente rien par rapport à celui occasionné par une catastrophe naturelle dont l’ampleur des conséquences est aussi favorisée par une mauvaise emprise de l’activité de l’Homme sur son milieu.

On pourrait peut-être dire que les services en charge de prodiguer les informations adéquates  à travers un travail de prévention et d’alerte ne le font pas ou ne le font pas assez, mais il importe tout aussi de préciser ceci qu’un habitant de zones à risque n’a pas nécessairement besoin qu’on l’informe d’une catastrophe à venir surtout au Cameroun.

Celui qui habite le milieu est toujours le premier témoin des signes précurseurs d’une catastrophe à venir lui-même étant en partie responsable de la situation dans laquelle il se trouve. De plus, les innovations technologiques en termes d’information, de prévention, d’alerte et de défense sont des mesures d’adaptation qui ne suppriment pas le problème. C’est dire que le problème existera toujours mais on peut s’adapter et le prévenir grâce notamment à une facilitation d’accès à l’information des experts particulièrement dans ces zones à risque où les populations sont plus exposées aux catastrophes naturelles qui ont également des causes anthropiques.

Lire aussi : La symbolique d'un recasement temporaire et d'une indemnisation dans un climat de précarité ponctué par l'exercice torride de la loi

Mais même quand on aura régler ce détail technique notamment celui de l’accès à l’information partout, il faudra encore régler celui des alternatives. En effet, il est plus facile de trouver des solutions provisoires quand il y a mort d’Homme que de proposer des solutions durables. Dans une société où tout le monde se croit tout permit la fermeté des actes doit s’accompagner des mesures d’accompagnement pour ne pas contribuer davantage à complexifier la situation précaire dans laquelle certaines personnes vivent.

Une digue ou un barrage peut se détruire à petit feu ou avoir des failles annonçant une inondation à venir tout comme des éboulements régulier de faibles ampleurs et parfois inconsidérés du fait qu’il n’y ai pas eu de dégâts notables peuvent annoncés des catastrophes à venir. Même quand on vit dans une zone à risque il y a des signes qui ne trompent pas et qui n’ont même pas nécessairement besoin d’une expertise. Mais puisqu’on est plus soucieux de mettre en avant ses problèmes et ses investissements sur ce lieu pour pouvoir obtenir une subvention d’un gouvernement qui ne le fera peut-être uniquement que quand mort s’en suivra, on préfère y demeurer car nous n’avons pas d’autres alternatives.

Celui qui vit dans le milieu est toujours celui qui sait le mieux ce qu’il faut pour lui à l’instant présent. Il n’a pas nécessairement besoin que des experts en géothermie, en gestion des risques naturels, en météorologie ou en climatologie lui fournissent des informations pour agir. Il sait ce qu’il risque s’il reste dans le milieu et ce qu’il convient de faire pour continuer à y demeurer.

Avant la réalisation du projet de réhabilitation de la digue du Logone et du barrage de Maga dans la Région de l’Extrême-Nord du Cameroun en 2019, les populations villageoise de Sara-Sara et Alvakay II (dans le département du Logone et Chari) conscientes de leurs problèmes ou des difficultés de leur environnement de vie construisaient déjà avant l’inondation de grande ampleur de 2012 des digues communautaire provisoire avec de l’argile, de la terre battue et des herbes qui cédaient toujours à chaque saisons pluvieuses. C’est dire qu’elles (les populations) étaient habituées à la récurrence des problèmes d’inondations dans un milieu où premièrement, les sols argileux et sablonneux retiennent les eaux à la fin des précipitations, et deuxièmement où les constructions sont anarchiques et les drains bouchés.  

Les risques sont là et les catastrophes sont prévisibles mais tant que le pire ne se produit pas on se moque du risque et des signes prévisibles tant du côté des résidents que des autorités publiques. En Octobre 2023 Dans un quartier du troisième arrondissement du chef-lieu de la Région du Centre au Cameroun, plusieurs personnes ont perdues la vie à la suite d’un éboulement déjà prévisible du fait des signes palpables d’un futur affaissement de la partie supérieur du sol. Et c’est le même risque qu’en cours ceux qui habitent sur des flancs de collines où il y a constamment des pluies diluvienne (très abondantes). A la suite des fortes pluies et des coulées de boue ayant causées des pertes en vies humaines et matériels dans le chef-lieu de la Région du Sud-Ouest du Cameroun en Mars 2023, un expert déclarait que les causes de la forte ampleur des conséquences de cette catastrophe sont principalement les constructions anarchiques et la déforestation sur le flanc de la montagne.

Les résidents d’un secteur à risque ont leur part de responsabilité dans ce qui leur arrive. Si on ne peut malheureusement les obligés à partir que lorsqu’il y a mort d’Homme c’est parce qu’il y a certainement un aveu d’échec des autorités compétentes se traduisant par une compréhension du fait que les conditions de vie ne sont pas facile et qu’il faille laisser les camerounais se mettre à l’aise où ils veulent pour une durée indéterminée au cours de laquelle des catastrophes surviendront certainement et malheureusement. La situation est complexe et elle nécessitera toujours des mesures du même nom dans un contexte où tout le monde est appelé à faire preuve de responsabilité, de prudence, de fermeté et de bon sens surtout quand on est conscient de se trouver sur un espace où les signes prévisibles d’une ou plusieurs catastrophes à venir sont palpables. 

Français|Anglais

__________________________________________________________________________________

Recommandation :

Au Cameroun, l’Extrême-Nord en proie à la montée des eaux et à des pluies « interminables »

Ajouter un commentaire

Anti-spam