Héritage : Les valeurs culturelles face aux pièges de la modernisation.

malumiereetmonsalut Par Le 29/03/2023 à 13:08 0

Dans Translations

Histoire 

Le respect des valeurs culturelles d’honnêteté, d’égalité, et de solidarité qui ne sont pas les choses les mieux partagées, n’impliquent pas renoncer à des principes de souveraineté qui eux par contre impliquent parfois de prendre le mal pour un bien, et le bien pour un mal. Image:CJMM/pixabay-Mai 2019

Analyse/Sur quoi nous basons nous pour émettre des jugements de valeurs ? La subjectivité de l’Homme qui est le résultat d’un ensemble d’apprentissages, d’expériences passé et de connaissances acquises lui permettant de développer une attitude critique sur la base de ce qu’il considère comme étant bon et qui se traduit dans sa propre perception des choses, dénote toujours une volonté de ne pas accepter n’importe quoi, ou de revoir une ou plusieurs manières de faire ou de penser, afin qu’elles répondent plus favorablement à des exigences morales, dans un ensemble de sociétés à dynamiques constantes, où tous les coups sont permis.   

Lorsque les États Unis d’Amérique firent le choix de bombarder les villes d’Hiroshima et Nagasaki au Japon les 6 et 9 Août 1945, entrainant par la suite des centaines de milliers de pertes en vies humaines, ils avaient pour objectif bien précis de faire capituler rapidement un adversaire qui ne voulait pas se résigner. L’objectif n’était pas uniquement de faire très mal, mais sortir aussi vainqueur d’une honte mondiale, en montrant que l’on dispose d’une arme ou d’une technologie que l’autre n’a pas. En effet, en contexte de guerre ou non, les relations interétatiques se caractérisent toujours par des manœuvres ou actes d’intimidations qui incitent à rechercher toujours à montrer qu’on n’est plus fort que ceux qui sont aussi coupables que nous car il faut le dire, s’ils avaient les mêmes moyens que nous, ils n’hésiteraient pas à produire les mêmes effets grâce aux mêmes causes, parce que le respect des valeurs culturelles d’honnêteté, d’égalité, et de solidarité qui ne sont pas les choses les mieux partagées, n’impliquent pas renoncer à des principes de souveraineté qui eux par contre impliquent parfois de prendre le mal pour un bien, et le bien pour un mal, afin d’atteindre non seulement des objectifs particuliers afin d’avoir de l’avance sur les autres sur plusieurs plans, mais aussi maintenir cette suprématie à très long terme car comme le dit un adage populaire, « qui veut la paix prépare la guerre.»

 

L’objectif n’était pas uniquement de faire très mal, mais sortir aussi vainqueur d’une honte mondiale, en montrant que l’on dispose d’une arme ou d’une technologie que l’autre n’a pas. Image: cc Skimel (translation)/ File Atomic_bomb_1945_Mission_Map.svg/Wikimedia.org – September 2017

Il ne faut donc pas appliquer sans nuance les notions de bien et de mal dans des contextes géopolitiques où les stratégies d’intimidations sont monnaie courantes. Même si grâce à des connaissances basiques en éducation morale tout le monde sait faire le distinguo entre le bien et le mal, les épisodes honteux de 1914-1918, 1938-1945, les conflits, guerres et coups d'État militaires et institutionnelles en Afrique, et sans toutefois omettre de mentionner l'épisode honteux initié par la Russie en Ukraine le 24 Février 2022, celui d'Israël contre un mouvement extrémiste qui a sa part de responsabilité dans la mort de milliers de palestiniens notamment depuis l'attaque du 7 Octobre 2023 en Israël, et plus récemment la guerre commerciale initiée par le nouvel homme fort des États Unis depuis Son investiture le 20 Janvier 2025, nous enseignent une fois de plus que le bien d’autrui réside parfois dans un ou plusieurs de ses actes que les autres qualifient de mal, mais qui sont plutôt bon pour lui. Faire preuve de bon sens, c’est donc parfois ne pas uniquement avoir recourt à la force ou la violence dans les cas les plus extrêmes, ou procédé à des démarches diplomatiques et pacifique sincères, afin d’aboutir à des résultats satisfaisant pour des multiples parties.

La valeur d’égalité obéi à des principes de souveraineté qui obéissent toujours à une logique dominant-dominé. Image: pixabay-March 2017

Aujourd’hui, et notamment depuis l’époque de la révolution industrielle (1760 – 1840), et aujourd’hui avec les développements contant dans les domaines technologiques, les grandes puissances cherchent davantage les moyens de mettre en application des stratégies militaires et économiques intimidantes, dans le but de maintenir leur influences sur le reste du monde. D’où les actes regrettables qui obéissent toujours à la loi de ceux qui ont la capacité d’imposer ce qu’ils veulent aux autres, dans le but de soumettre les autres, et se maintenir à une échelle de supériorité qui inspire crainte et méfiance. Être fort dans tous les domaines donne donc les moyens d’imposer ce qui est bien, et négocier uniquement avec ceux qui ont les moyens de faire de même, même si le reste du monde pense le contraire. Celui qui a de l’avance ou des moyens de pression sur les autres, a le pouvoir ; il peut imposer son influence à un ensemble d’États qui ne peuvent pas faire le poids, ou qui ne se sont pas donner les moyens de ne pas dépendre des autres, même si la modernisation implique des interactions constantes qui dénotent clairement le fait que personne ne peut se suffire à lui-même, et qu’en relation internationale, les intérêts particuliers ont toujours la priorité.

La valeur d’égalité obéi à des principes de souveraineté qui obéissent toujours à une logique dominant-dominé. Un clivage qui favorise un état de dépendance voulu en parti par des puissances colonisatrices dont plusieurs Territoires africains notamment ont toujours été des pré carrés. Celui qui est à la base de la modernisation ou de la mondialisation, cherche toujours à imposer un ordre de choses qui garantit ses intérêts, parce qu’il a un rang à préserver qui n’est pas contre les valeurs de solidarité, mais qui gagne parfois plus en cherchant à séparer les autres pour demeurer au-dessus d’eux, grâce notamment à des actes de solidarité qui canotent parfois une volonté de domination à durée indéterminée. Si ce n’était pas le cas, rien ne justifierait qu’après (3 Novembre 1961 – 25 Mars 2025) 63 ans et 160 jours, on ait fait le choix de mettre un terme à une aide d’une extrême importance pour des populations qui dépendent financièrement et matériellement des valeurs culturelles de solidarité d’une extrême utilité que certains ont fait le choix de mettre de coter, sans se préoccuper de ce que leur acte poserait à l’échelle mondiale car il faut le dire, «  les valeurs ne sont qu’un élément dans la motivation des actions sociales. Il n’est pas exclu que les gens soient motivés par des intérêts financiers, politiques ou autres qu’ils justifient à posteriori en invoquant telle ou telle valeur. Insister sur les valeurs n’implique pas que les hommes soient esclaves d’une tradition idéale coupée du monde concret, du monde des intérêts et des compétitions sociales.»[1]

La logique de l’ordre dominant s’impose aux dominés, qui ne font qu’appliquer ce qu’il y a de plus mieux sur le marché, tout en restant à un niveau inférieur qui ne leur garantie pas une véritable indépendance. Image: ichef.bbci.co.uk

Celui qui a des moyens a toujours pour objectif d’augmenter sa puissance, tout en maintenant sa domination sur les autres. Raison pour laquelle même certains individus ne tolèrent pas le fait que certaines personnes émergent. Le développement ne se voit pas à travers l’autre, mais uniquement à travers soi-même. On ne peut être fière de la croissance de l’autre que quand elle ne supplante pas la nôtre. Celui qui a le contrôle de la technologie a le pouvoir. La logique de l’ordre dominant s’impose aux dominés, qui ne font qu’appliquer ce qu’il y a de plus mieux sur le marché, tout en restant à un niveau inférieur qui ne leur garantie pas une véritable indépendance parce qu’il ne font qu’hériter d’une succession d’héritages stratégiques visant à influencer autant négativement que positivement les populations du monde, tout en contribuant grandement à la diffusion d’une logique de superpuissance désireuse d’imposer ses marques de fabrique dans le monde.  

Celui qui est une puissance économique, militaire et technologique, a les moyens de manipuler les autres. Il a la possibilité de diffuser un bien ou un mal qui correspond à sa propre perception. Ce sont de tels actes qui traduisent qu’en relation internationale, tout comme dans toutes relations sociales ou interhumaine, être trop bon, peut parfois s’assimiler à être trop con. Cet adage populaire qui s’emploi généralement dans le langage familier est en fait un héritage qui contredire en quelque sorte une recommandation basique à faire le bien et à éviter le mal. Le véritable sens de ces mots contraires a été édulcoré par des sociétés qui font face à un ensemble de réalités qui nécessitent d’être parfois très nuancé dans les propos et les actes car tout le monde espionne tout le monde, en fonction des moyens qu’il a à disposition.

Les plus astucieux arrivent à passer inaperçu pour mettre en application un ensemble d’héritages qui amènent à adopter parfois le contraire de la norme comme norme. Et celui qui ne copie pas la même tendance au quotidien, sera dans le déni, car ce que nous avons hérité et qui est moralement acceptable selon nous, n’a pas toujours de sens dans une société gouverné par des intérêts parfois disproportionnés, et où rien n’est fait pour rien. On ne donne rien à quelqu’un pour ne rien obtenir en retour. On n’entretient pas de relations diplomatiques et fraternelles uniquement pour le bien de la fraternité. Au-delà et en dessous de la fraternité, il y a des influences et des moyens de pressions. Celui qui est dépendant est sous l’influence de celui qui compense ses manquements. Nous prônons certes des valeurs de fraternité et de solidarité séculières, mais ces valeurs son émaillés d’hypocrisies et de manque de sincérité que beaucoup ont fait le choix de copier pour avoir un quotidien jovial basé sur une perpétuelle quête de surdominance pathologique. Tenons par exemple : « le renseignement politique et le renseignement militaire sont les deux faces d’une même pièce. Le prince prudent et sage, soucieux du bien commun, de l’administration et de la préservation de ses possessions, ne peut faire l’économie d’une diplomatie active. Par la nature de leur fonction, les Ambassadeurs sont bien placés pour recueillir des informations. Philippe de Mézières dans le songe du vieil pèlerin (1389) fait la distinction entre les « espions secrets », et les « espions publics ». L’espion secret est l’homme de l’ombre par excellence. L’espion public est l’ambassadeur, que certains considèrent comme un espion légalisé.»[2] Ceci traduit clairement le fait qu’en même temps qu’il faut être bon aux yeux des autres, il faut également avoir des moyens de pressions ou d’influences sur l’autre, afin de maintenir une certaine suprématie. C’est justement cela qui a amené certains panafricanistes à mettre en avant la notion de néocolonialisme pour traduire des indépendances qui n’en étaient pas unes en réalité, car l’influence de l’ancien ordre dominant était encore visible dans tous les domaines de la vie politique et administrative. En effet, quand l’autre est présent partout ou quand des leaders politiques africains sont marionnettés, on ne peut pas vraiment dire qu’on est indépendant. D’où la nécessité de préciser notamment pour les populations africaine, que les déclarations d’indépendances qui se sont succédées notamment à partir de l’année 1960 étaient le début d’un long processus de réappropriation totale d’une souveraineté qui implique joué le double jeu stratégique de la fraternité et de la méfiance, tout en priorisant l’option de la diversité de partenariats, pour être plus en mesure de défendre leur souveraineté.  

L’émerveillement de l’humanité face aux progrès technologiques incessant prendra encore beaucoup de temps avant d’arriver à son terme. Le développement progressif de l’intelligence artificielle ne cesse de raccourcir les distances entre les Hommes, et faciliter les échanges dans tous les domaines. La dépendance de l’Homme aux nouvelles technologies nous pousse à nous demander si le but ultime de la modernisation n’est pas de nous inciter à rompre progressivement avec ce qui fait notre identité pour devenir des sociétés totalement extraverties qui évoluent au rythme de ceux qui ont une forte capacité d’innovation qui a coquerie le monde.

Lire aussi : Patrimoine Culturel Africain : entre préservation et responsabilisation d'une génération extravertie. 

Abandonner les valeurs culturelles de bon sens au nom de la modernisation, c’est faire le choix de vivre dans un mensonge prôné par l’adoption des valeurs culturelles contrefaites, qui ne sont que la conséquence d’une mesquinerie stratégique de surdomination orchestrée par des grandes puissances. Les plus faibles ont le devoir de mettre tout en œuvre pour ne pas demeurer dans le sillage d’un ensemble d’influences dévastatrices qui nécessitent d’être astucieux  et de rompre avec les contrevaleurs dans un ensemble de contextes géographiques où l’influence des extrêmes ou des actes excessifs des ordres dominants sur le reste du monde n’est plus à démontrer.

Français|Anglais  

Références

[1] Chapitre 15. Dynamiques des valeurs communautaires traditionnelles

[2] Les espions du Moyen Âge

__________________________________________________________________________________

Recommandation :

La face cachée de la démocratie: l’hypocrisie géopolitique des grandes puissances

Ajouter un commentaire

Anti-spam