Celui qui a des moyens a toujours pour objectif d’augmenter sa puissance, tout en maintenant sa domination sur les autres. Raison pour laquelle même certains individus ne tolèrent pas le fait que certaines personnes émergent. Le développement ne se voit pas à travers l’autre, mais uniquement à travers soi-même. On ne peut être fière de la croissance de l’autre que quand elle ne supplante pas la nôtre. Celui qui a le contrôle de la technologie a le pouvoir. La logique de l’ordre dominant s’impose aux dominés, qui ne font qu’appliquer ce qu’il y a de plus mieux sur le marché, tout en restant à un niveau inférieur qui ne leur garantie pas une véritable indépendance parce qu’il ne font qu’hériter d’une succession d’héritages stratégiques visant à influencer autant négativement que positivement les populations du monde, tout en contribuant grandement à la diffusion d’une logique de superpuissance désireuse d’imposer ses marques de fabrique dans le monde.
Celui qui est une puissance économique, militaire et technologique, a les moyens de manipuler les autres. Il a la possibilité de diffuser un bien ou un mal qui correspond à sa propre perception. Ce sont de tels actes qui traduisent qu’en relation internationale, tout comme dans toutes relations sociales ou interhumaine, être trop bon, peut parfois s’assimiler à être trop con. Cet adage populaire qui s’emploi généralement dans le langage familier est en fait un héritage qui contredire en quelque sorte une recommandation basique à faire le bien et à éviter le mal. Le véritable sens de ces mots contraires a été édulcoré par des sociétés qui font face à un ensemble de réalités qui nécessitent d’être parfois très nuancé dans les propos et les actes car tout le monde espionne tout le monde, en fonction des moyens qu’il a à disposition.
Les plus astucieux arrivent à passer inaperçu pour mettre en application un ensemble d’héritages qui amènent à adopter parfois le contraire de la norme comme norme. Et celui qui ne copie pas la même tendance au quotidien, sera dans le déni, car ce que nous avons hérité et qui est moralement acceptable selon nous, n’a pas toujours de sens dans une société gouverné par des intérêts parfois disproportionnés, et où rien n’est fait pour rien. On ne donne rien à quelqu’un pour ne rien obtenir en retour. On n’entretient pas de relations diplomatiques et fraternelles uniquement pour le bien de la fraternité. Au-delà et en dessous de la fraternité, il y a des influences et des moyens de pressions. Celui qui est dépendant est sous l’influence de celui qui compense ses manquements. Nous prônons certes des valeurs de fraternité et de solidarité séculières, mais ces valeurs son émaillés d’hypocrisies et de manque de sincérité que beaucoup ont fait le choix de copier pour avoir un quotidien jovial basé sur une perpétuelle quête de surdominance pathologique. Tenons par exemple : « le renseignement politique et le renseignement militaire sont les deux faces d’une même pièce. Le prince prudent et sage, soucieux du bien commun, de l’administration et de la préservation de ses possessions, ne peut faire l’économie d’une diplomatie active. Par la nature de leur fonction, les Ambassadeurs sont bien placés pour recueillir des informations. Philippe de Mézières dans le songe du vieil pèlerin (1389) fait la distinction entre les « espions secrets », et les « espions publics ». L’espion secret est l’homme de l’ombre par excellence. L’espion public est l’ambassadeur, que certains considèrent comme un espion légalisé.»[2] Ceci traduit clairement le fait qu’en même temps qu’il faut être bon aux yeux des autres, il faut également avoir des moyens de pressions ou d’influences sur l’autre, afin de maintenir une certaine suprématie. C’est justement cela qui a amené certains panafricanistes à mettre en avant la notion de néocolonialisme pour traduire des indépendances qui n’en étaient pas unes en réalité, car l’influence de l’ancien ordre dominant était encore visible dans tous les domaines de la vie politique et administrative. En effet, quand l’autre est présent partout ou quand des leaders politiques africains sont marionnettés, on ne peut pas vraiment dire qu’on est indépendant. D’où la nécessité de préciser notamment pour les populations africaine, que les déclarations d’indépendances qui se sont succédées notamment à partir de l’année 1960 étaient le début d’un long processus de réappropriation totale d’une souveraineté qui implique joué le double jeu stratégique de la fraternité et de la méfiance, tout en priorisant l’option de la diversité de partenariats, pour être plus en mesure de défendre leur souveraineté.
L’émerveillement de l’humanité face aux progrès technologiques incessant prendra encore beaucoup de temps avant d’arriver à son terme. Le développement progressif de l’intelligence artificielle ne cesse de raccourcir les distances entre les Hommes, et faciliter les échanges dans tous les domaines. La dépendance de l’Homme aux nouvelles technologies nous pousse à nous demander si le but ultime de la modernisation n’est pas de nous inciter à rompre progressivement avec ce qui fait notre identité pour devenir des sociétés totalement extraverties qui évoluent au rythme de ceux qui ont une forte capacité d’innovation qui a coquerie le monde.
Lire aussi : Patrimoine Culturel Africain : entre préservation et responsabilisation d'une génération extravertie.
Abandonner les valeurs culturelles de bon sens au nom de la modernisation, c’est faire le choix de vivre dans un mensonge prôné par l’adoption des valeurs culturelles contrefaites, qui ne sont que la conséquence d’une mesquinerie stratégique de surdomination orchestrée par des grandes puissances. Les plus faibles ont le devoir de mettre tout en œuvre pour ne pas demeurer dans le sillage d’un ensemble d’influences dévastatrices qui nécessitent d’être astucieux et de rompre avec les contrevaleurs dans un ensemble de contextes géographiques où l’influence des extrêmes ou des actes excessifs des ordres dominants sur le reste du monde n’est plus à démontrer.
Français|Anglais