La distinction pourrait paraitre paradoxale quand on sait que le mot crainte fait communément partie des multiples synonymes du mot peur qui est un sentiment de vulnérabilité pouvant amener l’Homme à se replier sur lui-même, à avoir peur de s’adresser ou de se rapprocher de Dieu, faire preuve de prudence pour ne pas faire quelque chose de mauvais ou avoir un résultat qui ne nous convient pas, ou mieux encore braver ses peurs par une ferme volonté de montrer qu’on a la faculté d’être courageux et de briser tous les obstacles du quotidien pour jouir pleinement d’une liberté à laquelle nous sommes tous appelés sans discriminations mais qui a tout de même des limites.
Au cours d’une visite chez des ami(e)s, un Homme remarqua que quand les enfants étaient avec leur Mère, ils couraient dans tous les sens. Mais dès que le Père entrait dans la maison, c’était le calme total. Pourquoi ? À première vue on pourrait dire parce qu’ils ont peur de leur père mais ce n’est pas toujours le cas. C’est plutôt parce qu’ils savent que leur père tolère moins les bruits assourdissants que leur mère. Plus tôt et dans un autre contexte, un enseignant faisait savoir à ses élèves qui avaient pour habitudes de dire qu’il est méchant parce qu’il était toujours prêt à leur donner des coups de fouets qu’il ne l’était pas mais qu’il était plutôt sévère. Il fit la différence entre méchanceté et sévérité pour valoriser son métier d’enseignant qui est tout de même noble et très utile pour la société même s’il ne gagne pas grand-chose en le faisant. En définissant sa sévérité comme une manière pour lui de ne pas tolérer le désordre, la fainéantise et le manque de respect, il démontra que la méchanceté est un caractère qui ne favorise non seulement pas un bon apprentissage, mais qui qualifie à travers l’adjectif méchant après le nom auquel il se rapporte, ceux qui voient d’un mauvais œil la réussite des autres.
Nous précisons ceci que : dans les deux cas, jamais un signe de maltraitance n’a été noté. La femme ne s’est jamais plainte que son mari est agressif et violent, et elle tout comme ses enfants et son époux vivaient en harmonie. De même, aucun parent ne s’est plaint du mauvais comportement de l’enseignant. Sa sévérité qu’il avait pris soin de définir pour éviter les amalgames permettait à ses élèves de mieux connaitre qui il est et il avait même l’aval de son supérieur hiérarchique pour continuer d’agir avec la même fermeté et la même rigueur.
Contrairement à eux, une personne violente et méchante fait peur. Elle ne recherche qu’à faire le mal pour le mal. En d’autres termes, faire le mal gratuitement ; c’est-à-dire, sans raisons valable. Le simple fait que l’autre soi l’énerve. Le fait qu’il soit joyeux est une torture. Il doit souffrir et vivre dans la peur. La personne méchante est toujours prête à employer tous les moyens nécessaire pour nuire les autres et même ternir leur images.
La crainte comme signe de respect
Nous avons pris ces exemples en nous basant sur des faits réels et non pas fictifs pour montrer que quand on ne connait pas vraiment une personne on aura toujours tendance à avoir peur d’elle en nous limitant au premier degré de sa personnalité qui n’a strictement rien à voir avec ce qu’elle est vraiment. Tant que la personne ne dit pas clairement qui elle est, ou quand on ne cherche pas clairement à savoir qui elle est en employant des moyens corrects, on lui collera toujours des étiquettes qui ne correspondent pas avec ce qu’elle est en réalité. Et quand on ne connait pas quelqu’un on a peur de ce qu’elle pourrait nous faire ; mais quand on connait cette personne, non seulement on n’a pas peur, mais on fait tout notre possible pour ne pas lui faire du mal.
Cela ne veut pas dire que lorsque vous ne connaissez pas la personne, vous pouvez vous permettre de lui faire du mal. En effet, que vous connaissiez la personne ou non, vous devez la respecter car c'est un être humain. C'est la relation privilégiée que nous entretenons avec lui ou elle qui fera la différence. Si vous la connaissez comme une mauvaise personne, vous devez l'aimer comme une mauvaise personne. Si vous la connaissez comme une bonne personne, c'est encore mieux car cela entraînera toujours du respect et de la peur dans le sens de ne pas vouloir lui faire du mal pas parce que nous ne voulons pas qu'elle nous fasse du mal, mais parce que non seulement nous la connaissons comme une bonne personne, mais nous lui devons aussi du respect que nous avons aussi le devoir de faire preuve envers nos ennemis mais d'une manière plus particulière. L'amour n'a donc pas peur. Et cet amour qui n'a pas peur et qui ne cherche pas à effrayer est une marque de respect qui exige la même chose de l'autre.
Bien évidemment Il ne s’agit pas d’accepter n’importe quoi comme des actes de maltraitance par exemple. Il s’agit de se demander si tout ce qu’on vit et subit contribue à ce que nous ayons une vie épanoui. En d’autres termes, est-ce que le mal que l’autre me fait est vraiment une preuve d’amour ? Est-ce qu’en me donnant le moyen de sortir de cette situation que je considère comme « mauvaise » ou « malheureuse », Dieu ne me donne-t-il pas le moyen de faire l’expérience de son véritable amour ?
Le don de la crainte de Dieu
Pendant les années de l’exode, Dieu a permis aux israélites d’apprendre à mieux le connaitre. Si aujourd’hui comme nous le fait savoir l’apôtre Saint Paul nous ne sommes plus sous la loi mais sous la grâce c’est justement parce que de l’appel d’Abraham jusqu’à la naissance, la souffrance, la mort et la Résurrection du Christ pour ceux qui veulent bien y croire, Dieu a toujours voulu aider ses créatures à mieux le connaitre.
Si le maître de la loi dit en se basant sur les saintes écritures : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute ta force, de toute ton intelligence et ton prochain comme toi-même » comme nous le rapporte particulièrement l’Evangile selon Saint Luc (Luc 10, 27 -La Bible des Peuples), c’est parce que c’est ce que Dieu voulait déjà faire connaitre à ses enfants quand il leur donnait ses commandement au cours de l’exode. En effet, si tu ne veux pas qu’on n’enlève une de tes dents, n’enlèves pas illégalement celle de l’autre. Le message n’a donc pas changer. Il a toujours été amour et il demeure amour parce que Dieu n’a jamais voulu faire souffrir l’Homme ou amener l’Homme à avoir peur de lui mais plutôt prouver à l’Homme que même s’il souffre et quelle qu’en soit les raisons, il aura toujours la preuve que Dieu est auprès de lui.
Lire aussi : La cruauté de l'Homme face à l'espérance des enfants de Dieu
Ceux qui mouraient après avoir enfreint la loi étaient sous l’emprise de la loi alors que Dieu ne voulait pas qu’il en soit ainsi mais plutôt qu’ils aient la crainte de Dieu qui est un don de l’amour de Dieu pour les Hommes. Dieu donne ses commandements aux Hommes parce qu’il les aime. Il a une plus grande expérience de la vie que Nous parce qu’il est la vie. S’il nous dit de ne pas faire ceci ou cela c’est parce qu’il sait que si nous faisons le contraire quelque chose de mauvais pourrait survenir. Puisqu’elle est un don qui découle des expériences de l’amour de Dieu dans la vie de chaque Homme, la crainte de Dieu permet aux enfants de Dieu d’avoir une relation personnel avec lui qui leur permettra de ne pas avoir peur de lui et encore moins de la méchanceté des Hommes en toute humilité mais de mettre leur confiance en lui malgré tout parce qu’il est Dieu. « Si tu traverses les eaux, je serais avec toi ; Et les fleuves, ils ne te submergeront point ; si tu marches dans le feu, tu ne te brulera pas, et la flamme ne t’embrasera pas. (Isaïe 43, 2 – La Bible Louis Second)
Le don de la crainte de Dieu n’a rien à voir avec la prétention de croire qu’on peut se permettre de tout faire. Les enfants de Dieu sont capables de tout parce que Dieu veux. Le don de la crainte de Dieu va de pair avec l’humilité. Je dois faire attention à ce que je fais parce que même si je suis un dieu par la grâce de Dieu, Dieu seul est Dieu. Et l’apôtre Saint Luc nous le fait savoir en nous rapportant l’expérience d’un homme : (« Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier.» [Et Jésus dit :] « Je le veux, sois purifié » (Luc 5, 12-13. Traduction œcuménique de la Bible – 2004)
Celui qui donne aime. Et quand il donne il le fait gratuitement c’est-à-dire, sans arrière-pensées malsaines. Il est pacifique et bienveillant dans tout ce qu’il fait. Il donne gratuitement et pour toujours parce qu’il veut que nous l’aimions et le craignons en retour en adorant son saint Nom et en le louant pour les bienfaits qu’il a eu à faire dans nos vies. Le don de la crainte de Dieu permet de respecter les autres religions de même que les institutions même si certaines d’entre elles ont tendance par endroits à régner par la terreur. Il permet de reconnaitre qu’on n’est rien et que Dieu est tout et même si socialement nous sommes quelqu’un(e) d’important(e), c’est un don de Dieu qui implique un service de qualité. Celui qui a le don de Dieu n’a pas peur de Dieu ; il sait qu’il est en présence de son amie, de son frère, de sa sœur, de son Père. Il est avec une personne qu’il connait ou qu’il apprend à connaitre et qui lui a déjà montré et lui montrera toujours de biens de manières qu’il est Dieu et qu’il peut tout.
Français|Anglais
