« Camerounais ! Camerounaises ! Le Cameroun est libre et indépendant. L’indépendance comme la liberté, est un bien qui se conquiert et se reconquiert chaque jour. Et personne n’est de trop pour la défendre, la fortifier, la préserver de toute ses forces et de toute son âme ». Tel sont les propos du feu premier ministre et premier président de la république du Cameroun Ahmadou Ahidjo le 1er Janvier 1960 à Yaoundé. Après des années de protectorat, de mandat et de tutelle, la jeune république amorçait une autre étape de son histoire en tant que Territoire indépendant. Mais cette liberté qui ouvrait certes des nouvelles perspectives de développement ne faisait pas l’unanimité. En effet, si ce droit à une autodétermination était l’objectif assigné à la France et la Grande Bretagne par l’organisation des nations unis (ONU), elle a surtout été l’aboutissement de plusieurs années de fortes résistances et de répressions des mouvements Upcistes qui y voyaient plutôt le début d’une autre forme d’asservissement.
Si les camerounais aspiraient tous sans exception à un Cameroun libre et indépendant, le doute sur son effectivité persistait surtout du coter de l’union des populations du Cameroun (UPC). Allait-on vraiment être libre de décider ce que nous voulons, ou alors nos choix seraient influencés par notre tuteur ? Si pour les uns la liberté serait effective, pour les autre par contre, la proclamation officielle de cette sortie du système coloniale s’assimilait plus à un processus de transition vers un système néocolonialiste car, les conditions d’une véritable indépendance n’étaient pas réunies.
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Il y avait effectivement des préalables à respectés pour garantir une indépendance complète. Mais le feu secrétaire générale de l’union des populations du Cameroun (UPC) ne bénéficiait pas des mêmes faveurs que son compatriote Ahmadou Ahidjo. Ses projets (Ruben Um Nyobe) pour le Cameroun ne pouvaient que s’inscrire dans une dynamique de projets dont la concrétisation ne se ferait qu’après lui, grâce aux efforts cumulés des leaders du parti au pouvoir et ceux des autres parties de l’opposition.
Le feu président Ahidjo de regretter mémoire, jouissait du privilège d’être du coter de ceux qui ont le pouvoir de faire tout ce qu’ils veulent contrairement aux Upcistes. En d’autres terme, il était du coter des bons, contrairement aux upcistes qui étaient considérés comme une bande d’individus indésirables par la puissance coloniale et ses alliés. La pertinence de la brève intervention du leader upciste au concert des nations du 17 Décembre 1952 ainsi que les multiples points détaillés dans la version longue de son discours sont des déclarations prophétiques qui se concrétisent progressivement au Cameroun, en Afrique et dans le monde.
Même si le régime du feu président Ahidjo avait le privilège d’être soutenu par la France au point que son rôle dans le processus d’accession du pays à l’indépendance soit plus mis en valeur que celui d’Um Nyobe et ses confrères, cela ne pourra jamais enlever de la mémoire des camerounais que leur indépendances est aussi le fruit du sang versé par leur martyrs. Le président Paul Biya l’a lui-même reconnu cinquante-deux ans (52) après le décès de Ruben Um Nyobe le 13 Septembre 1958, l’or de son discours du 17 Mai 2010 à Yaoundé et à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance en rappelant que : « De jeunes nationalistes avaient fait le rêve incertain de la liberté. Disons-le clairement, leur combat, pour certains leur sacrifice, aura été pour beaucoup dans l’accomplissement du droit de notre peuple à disposer de lui-même. C’est pourquoi je le répète, nous devrons leur être éternellement reconnaissant » (source : prc.cm).
Malgré le fait que les incidents malheureux du passé puissent créer des dissensions et des divisions, la vérité de la conscience finit toujours par mettre tout le monde d’accord. Les ennemis d’hier étaient en fait des frères qui ont vraiment contribués à faire de notre pays ce qu’il est aujourd’hui et ce qu’il sera demain c’est-à-dire, un Territoire souverain dont la survie dépendra toujours de l’activisme de chaque partie politique.
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